De tout temps, les enrôlés de force luxembourgeois ont eu du mal à se faire reconnaître comme «Résistants contre le nazisme» à part entière. Ici, nous ne participerons pas une fois de plus à la polémique compréhensible.
Il s’agit d’un des innombrables tabous grand-ducaux de la guerre 1940-45 : «Tous les Luxembourgeois ont été résistants», selon Pierre Dupong (CSV). Il se trouve qu’un historien, Peter M. Quadflieg, originaire d’Aix-la-Chapelle, en Allemagne, et qui a fait ses études secondaires à Eupen, en Belgique, fait des amalgames que nous jugeons insupportables.
La 4e page de couverture de son récent livre « Zwangssoldaten » und « Ons Jongen », Eupen-Malmedy und Luxemburg als Rekrutierungsgebiet der deutschen Wehrmacht im Zweiten Weltkrieg (2008, ISBN 978-3-8322-7078-0) note d’emblée : «Environ 20 000 jeunes hommes du Grand-Duché et des cantons de l’est de la Belgique, Eupen-Malmedy et Sankt-Vith, ont partagé durant la Seconde Guerre mondiale le même sort : ils ont servi dans l’armée d’Hitler.»
Regardons de plus près la vérité historique. L’enrôlement de force (en Alsace-Lorraine, incontestablement française!, on appelle jusqu’à aujourd’hui les recrues «les Malgré-Nous») n’a pas été vécu comme tel dans les provinces germanophones de l’est de la Belgique. Même l’occupation par les nazis a été considérée dans cette région annexée par la Belgique (en tant que réparation de guerre) à la suite de la Première Guerre mondiale, par la grande majorité de la population comme une libération du joug belge.
Jean Rhein