Périodiquement, l’historien Roger Seimetz est invité pour tenir des conférences sur des sujets historiques d’actualité à la mairie de Kayl. Cette année, il avait choisi le sujet anniversaire du soi-disant putsch (contre le gouvernement) en août 1946. Quatre officiers de l’armée grand-ducale et un ancien résistant (LPPD) avaient été accusés d’avoir concocté une rébellion contre le gouvernement Bech (chrétien social) – Bodson (socialiste).
En fait, l’ensemble de l’opinion publique s’insurgeait contre les agissements des anciens membres du gouvernement en exil, qui assuraient la transition vers la guerre froide. Le conférencier n’a pas ménagé ses mots pour décrire l’atmosphère de l’époque, caractérisée par le mécontentement public à propos du rapatriement des détenus d’Auschwitz et de Dachau (dans lequel seul le Prince Charles [le frère du Grand-Duc héritier, Jean] a pris des initiatives méritoires).
En tant qu’historien, il vaut mieux ne pas occuper des postes à responsabilité pour lesquels un devoir de retenue (lisez : de conformisme) est requis. Le conférencier profite pleinement de ses libertés lorsqu’il caractérise l’attitude «patriotique» de certains membres des forces de l’ordre (et de la sûreté de l’État) : «Gendarme avant la guerre, Waffen SS pendant la guerre, et « Mir wëlle bleiwe, waat mir sinn » dans l’après-guerre.» Comme par hasard, toutes les archives officielles ont disparu. Elles sont parties du bureau de Bech pour ne jamais parvenir à leur destination, le ministère d’État.
Jean Rhein