À de nombreuses reprises, nous avons mentionné dans notre rubrique les mérites de Henri Koch-Kent, qui, sans disposer des palmes académiques d’historien, a été «un simple journaliste». En février 1988, cet auteur s’est lancé dans la publication de ses notes personnelles sur le «procès Gomand» qui a préoccupé l’opinion publique entre 1945 et 1947. Pas moins de 114 témoins sont passés à la barre du tribunal pour témoigner contre le gouvernement luxembourgeois en exil.
D’aucuns s’insurgent aujourd’hui, soulevant une soi-disant «querelle des historiens» à propos de jeunes chercheurs de l’université du Luxembourg issus des 2 e ou 3 e génération d’après-guerre qui brisent, enfin, les tabous de l’historiographie, traitant ces derniers de «salisseurs de la mémoire», dans la mesure où ils rendent compte sans parti pris de la vérité concernant l’activité de la Commission administrative dans le traitement de la communauté juive.
Revenons à l’avant-propos de l’auteur HKK, véritable précurseur, qui fustige «l’ardeur de bagatelliser les fautes du gouvernement Dupong, de gommer ses actions répréhensibles, (…) de passer sous silence ses carences». Rétroactivement, Henri Koch- Kent se montre sans complaisance envers Émile Reuter, en particulier, une figure de proue du CSV et ancien président de la Chambre des députés, dans la mesure où ce dernier avait adressé en 1940 un télégramme à la Grande-Duchesse Charlotte, l’invitant à rentrer d’urgence au Luxembourg, où elle aurait risqué de servir d’otage aux envahisseurs nazis (à l’instar du Roi des Belges).
Jean Rhein