Le Quotidien Indépendant Luxembourgeois
Après son bref passage à Luxembourg et Grevenmacher, Goethe séjourna à Trèves et en complément à son rapport La Campagne de France , il réalisa à l’occasion d’une sortie à cheval, le 25 août 1792, avec l’officier Ludwig Heinrich von Fritsch une aquarelle qui représente les Trois Frontières et le paysage près de Sierck. Goethe a dessiné un panneau : «Passans, cette terre est libre» qui représente un arbre de la liberté. L’original de l’aquarelle appartient aujourd’hui à la Fondation Kippenberg au Goethe-Museum de Düsseldorf. Apparemment, un symbolisme maçonnique est présent dans le dessin (soleil, lune, bonnet phrygien triangulaire).
Claude Conter affirme dans un article intitulé «Goethe, franc-maçon», paru dans Nos cahiers : «Dans le jeune Goethe se reflètent, comme dans un lieu géométrique, les tendances contradictoires de la fin du siècle. D’un côté, il y a la religion naturelle, qui admet l’idée du Souverain Créateur, lointain, mais connu par la physique de Newton et qui relègue dans le domaine des hypothèses les religions, dites positives, sans en nier les richesses ni les valeurs morales. De l’autre côté, l’on sent comme une violente réaction contre un rationalisme sectaire, exsangue, un déisme froid et blême.
À l’instar d’autres contemporains, Goethe, qui plus tard à Weimar fera jouer le Mahomet de Voltaire, pièce qui dénonce le fanatisme, nous disons l’intégrisme, ne cessera de jeter des sondes dans les inépuisables profondeurs des symboles. Au risque de s’égarer, il n’évite pas les détours hasardeux par des régions qu’éclaire à peine une lune blafarde.»
Jean Rhein
