Lorsque les profs de français, de luxembourgeois et d’histoire échouent dans leur mission pédagogique d’enseignement public, c’est la littérature ou le cinéma qui (heureusement) y suppléent.
Le film Eng nei Zäit de Christophe Wagner (Luxembourg 2015) vient de sortir en DVD; le film luxembourgeois est sous-titré en français, anglais et allemand.
L’histoire se déroule en 1945 sur le fond d’un fait divers réel (le meurtre d’un métayer allemand, de sa famille et de son personnel). Le personnage principal du film est un jeune Luxembourgeois, Jules, qui rentre dans son village après avoir combattu dans le maquis en France. Il se fait engager comme gendarme auxiliaire et participe à l’enquête.
Vite, il se rend compte que les autorités sont préoccupées «à construire une nouvelle époque» (le titre du film) plutôt que de résoudre l’assassinat (voilà que la fiction du film rejoint la réalité : un bouc émissaire, en la personne d’un marginal, est condamné à la peine capitale); ces mêmes autorités politiques et policières préfèrent surmonter les zones d’ombre et étouffer la vérité dans les affaires qui émeuvent l’opinion publique (la collaboration, le crime crapuleux, le soi-disant putsch contre le gouvernement en exil [1946] durant le Seconde Guerre mondiale).
Le film de Samsa distributions n’a raté que de justesse la reconnaissance internationale lors de plusieurs festivals du film politique. Son mérite est de thématiser les tabous de l’immédiat après-guerre au Grand-Duché. Nos grands pays voisins avaient franchi les démarches correspondantes bien avant nous.
Jean Rhein