Guy Rewenig (millésime 1947) est certainement l’un des auteurs indigènes contemporains les plus prolifiques.
Sans se préoccuper outre mesure des questions constitutionnelles, juridiques, administratives de la situation linguistique dans le pays, Guy Rewenig est le praticien de la littérature qui écrit au moins dans les trois langues (luxembourgeois, allemand et français).
Il vient de sortir le livret Comment blanchir les bêtes noires sans les faire rougir. Une lettre (ISBN 978-99959-42-16-8). Déjà en 2007, le personnage clé, un Africain, appelé Mwayé, s’était adressé sous forme épistolaire au «président du Luxembourg» (voir : Le Chef d’orchestre à la baguette de bambou). Or ce président a disparu de la scène locale.
Cette fois-ci, la lettre de Mwayé est envoyée à «Monsieur le ministre des Affaires étrangères». L’écrivain imaginaire (Mwayé) et l’écrivain réel (Rewenig) font état des efforts surhumains d’intégration linguistique (Comment appeler les Gromperekichelcher, galettes de pommes de terre en suédois ou en hongrois) pour se faire comprendre dans la mesure du possible dans la vie quotidienne. Mais est-ce vraiment la question pertinente? La réalité luxo-luxembourgeoise est que Mwayé est confronté dans son itinéraire initiatique vers la citoyenneté luxembourgeoise à des démêlés sempiternels avec la police grand-ducale, à des rencontres rocambolesques avec un ministre se déplaçant à vélo.
Les archétypes luxos (un président chef d’orchestre, un ministre à vélo) ne disparaîtront pas dans le brouillard, le lecteur s’attendra à accompagner encore le périple créatif d’intégration de Mwayé.
Jean Rhein