L’exposition sur la Guerre froide qui se tient actuellement au MNHA et qui est complétée par un cycle de conférences soulève un grand nombre des questions intéressantes de l’histoire récente grand-ducale, en particulier sur le fonctionnement du Renseignement, dont la mission explicite a été de tout temps de contrecarrer les velléités communistes dans le mouvement ouvrier.
Malheureusement une question fondamentale ne s’est pas encore posée dans le débat : la Guerre froide est-elle terminée, ou aurait-elle pris d’autres formes. Si l’anticommunisme primaire se présentait sous l’antisoviétisme, il convient de rappeler que se sont les protagonistes mêmes de la Première Guerre mondiale qui avaient mis en place l’URSS, en mandatant le leader charismatique du bolchévisme, V. I. Oulianov, dit Lénine, pour négocier un cessez-le-feu afin de se dégager sur le front de l’Est, et ce sont les successeurs du même Renseignement qui – avec leur politique de la blocade – obligent de nos jours la Russie, héritière directe de l’URSS, à se considérer comme menacée et se comporter en Grande nation.
Qu’en était-il des communistes locaux dans les années 1930 : lors de la conférence nationale du KPL à Rumelange, le 2 mars 1937 (en pleine campagne du référendum contre la «loi muselière»), le secrétaire général, Dominique Urbany, mettait en évidence le danger du nazisme, et la présence d’agents allemands sur le territoire national, ce qui ne gênait nullement la Sûreté de l’État (le précurseur du service de renseignement SRE) qui était préoccupé davantage par la création d’un front populaire.
Jean Rhein