Touchés par la crise sanitaire, les musées du Luxembourg cherchent à se refaire une santé. L’affirmation de l’ICOM sur le plan national et un week-end portes ouvertes, la semaine prochaine, devraient les aider à aller de l’avant.
Le Grand-Duché, notamment en ce qui concerne ses offres culturelles, a toujours été coupé en deux. Soit, d’un côté, ce qui se passe dans la capitale et, de l’autre, tout ce qui gravite autour. Les musées n’échappent pas à cette fracture sensible, comme en témoigne l’existence, encore aujourd’hui, de deux entités bien distinctes : le groupement «d’stater muséeën», en charge des sept lieux d’art répartis à Luxembourg (Casino, Mudam, MNHA, Villa Vauban, natur musée, Dräi Eechelen, City Museum), et les «Musées Luxembourg», coalition qui «rassemble plus de quarante établissements» éparpillés dans le reste du pays, selon les calculs de Benoit Niederkorn, conservateur au musée national d’Histoire militaire à Diekirch.
Entre les deux, outre la scission géographie, des situations qui ne se ressemblent pas, que l’on évoque les statuts, les spécificités thématiques, les financements (communaux, ministériels, voire personnels) ou encore la dépendance plus ou moins forte vis-à-vis du tourisme ou de l’activité scolaire. La pandémie, qui a fermé toutes ces institutions sans distinction, entre mars et mai 2020 (et quelques semaines autour de Noël), a révélé les inégalités, bien qu’en bout de course, le constat est sensiblement le même pour tout le monde, comme le précise Michel Polfer, directeur du MNHA : «Par rapport à 2019, le milieu a perdu entre 50 et 60 % de ses visiteurs.» Un désastre qui n’épargne personne, «du musée professionnel qui a les moyens de répondre à la situation au petit musée local, géré par les bénévoles».
Logés à la même enseigne, et toujours confrontés à la «frilosité» d’un public marqué par la pandémie, les musées, aussi différents soient-ils, ont profité de la crise pour consolider leurs offres autour d’un porte-voix commun : l’ICOM Luxembourg, qui existe depuis plusieurs décennies mais qui manquait, jusqu’alors, d’un «statut juridique propre», poursuit Michel Polfer, à sa tête. Au niveau international, l’organisation (appelée Conseil international des musées), créée en 1946 et siégeant à l’Unesco (Paris), promeut et protège le patrimoine, rappelant aussi l’importance des musées en termes d’échanges et d’enrichissements culturels. Au niveau national, l’association, créée en 2017, sert de relai à tous ses membres, du nord au sud du pays. En trois ans, ce comité national, à voir comme une sorte de «fédération», a rassemblé sous sa coupe près de 28 musées. «C’est loin d’être la totalité, mais c’est en cours de construction!», rappelle son président.
Le but est de se montrer à nouveau, de dire que l’on est ouvert, de dévoiler nos offres et de rendre les gens attentifs à celles-ci…
L’idée? Constituer un réseau professionnel, aussi bien au pays qu’au-delà des frontières, à travers des formations continues, des tables rondes, des conférences, des échanges d’informations spécifiques, des soutiens, des conseils… Bref, une centralisation (reconnue depuis l’année dernière par le ministère de la Culture) et des allers-retours censés donner plus de poids et de force à toute une communauté. Dans le même état d’esprit, voilà qu’arrivent, le week-end prochain, les Luxembourg Museum Days, soit deux jours de portes ouvertes qui, depuis 1997, s’évertuent à montrer toute la diversité des musées nationaux, de Rumelange à Clervaux en passant par Rosport.
Cette année, on l’imagine bien, l’appel à venir peupler les lieux d’art est encore plus sensible. D’ailleurs, l’édition 2021 convie les visiteurs hésitants d’un «hop an de musée!» («venez au musée!»), ce que ne contredit pas Alain Faber, directeur du musée national d’Histoire naturelle (MNHN), qui détaille : «Le but est de se montrer à nouveau, de dire que l’on est ouvert, de dévoiler nos offres et de rendre les gens attentifs à celles-ci, sur toute la saison…» Une «belle panoplie», aux accents parfois insolites (le musée des tramways et des bus, celui de l’imprimerie et de la carte à jouer, de l’ardoise, des calèches…), qui espère, au gré des allègements sanitaires et grâce à la saison estivale à venir, se donner un peu d’air.
Michel Polfer, lui, y croit : «Je ne suis pas alarmiste : le public est en train de revenir, les visites scolaires ont repris il y a une semaine, et l’été qui s’annonce ne pourra pas être plus mauvais que le précédent…» Et même si, cette année, il faudra réserver en ligne pour participer aux visites guidées et autres ateliers – «ça casse un peu le charme», souffle Alain Faber –, le rendez-vous permet surtout de trouver un semblant de normalité rassurant. Le bilan, «on le fera à la fin de la pandémie», conclut sans hésiter Benoit Niederkorn, bien décidé à profiter pleinement de son week-end!
Grégory Cimatti
Luxembourg Museum Days
24e édition
Les 15 et 16 mai (10 h – 18 h)
45 musées participants dans tout le pays
GRATUIT
www.luxembourgmuseumdays.lu
La Journée internationale des musées,
traditionnellement programmée le 18 mai,
fédère 37 000 musées issus de 156 pays