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Luxembourg Art Week : « Amener les œuvres vers les gens ! »


Une prochaine édition sur le même credo que les autres : «Amener les œuvres vers les gens !» (©Eric Chenal)

Toujours plus fournie, plus étendue, plus composite, Luxembourg Art Week poursuit sa croissance. Petites précisions avant la nouvelle édition de novembre.

Dans l’art, le standing et la crédibilité ne sont pas à prendre à la légère. Luxembourg Art Week, qui depuis 2015, a su se faire une place «fixe au cœur de la scène artistique» au pays, dixit Sam Tanson, ministre de la Culture, sait toutefois que son succès reste fragile, et que ces notions, toutes relatives soient-elles, doivent s’entretenir.

D’où l’expression récurrente chez Alex Reding – qui est aujourd’hui affublé du statut de CEO de la manifestation, ce qui, avouons-le, sonne classe : «Il y a toujours moyen de faire mieux !»

Une formule qui s’apparente à une forme d’auto-conviction suggérant de gonfler les muscles et de serrer la mâchoire, surtout quand on sait que le rendez-vous est coincé entre les foires de Turin et de Düsseldorf, et programmé le même week-end que celle de Shanghai et le renommé Paris Photo. Ce qui, entendons-nous bien, ne joue pas en sa faveur. « Point de vue qualitatif, on stagne », confirme ainsi le galeriste qui, à défaut de jouer à armes égales, cherche la parade ailleurs, en mettant notamment dans le coton les habitués, tout en faisant des appels du pied à d’autres.

D’où pour cette prochaine édition, prévue début novembre, une hausse de tous les curseurs : celui du nombre de candidatures («plus d’une centaine»), des exposants (64 galeries contre 48 en 2018) et par extension, de la surface à exploiter. Dans ce sens, le hall sportif du lycée de garçons sera annexé, tandis que la section «First Call», autre nouveauté, sera réservée aux galeries étrangères qui veulent découvrir le marché luxembourgeois.

Une œuvre XXL en plein Glacis

Autant d’attentions plus que nécessaires, toujours selon Alex Reding : «On ne vit que grâce aux galeries qui, pour s’offrir un stand conséquent, doivent débourser 15 000 euros. Pour que le modèle soit rentable, ils doivent vendre !» D’où son autre idée, parallèle, de développer, grâce à son réseau, «un groupement de boîtes et de sociétés» capables de faire des «promesses d’achats». Et chacun le sait : un galeriste rassuré est un galeriste heureux.

Bref, si la dynamique «artistes-galeries-collectionneurs privés» semble fonctionner au Grand-Duché, il n’est jamais inutile d’ajouter de l’huile sur les articulations. Et quant au public plus éloigné de ce système, mais lui aussi à attraper et à solliciter, plusieurs «appâts» sont sortis : des cycles de conférences largement étoffés (l’un tourné vers le secteur financier, l’autre, plus «pointu», fruit d’une nouvelle collaboration avec l’université du Luxembourg), un «Bookshop», un «Kids corner», une exposition (Daniel Wagener) et d’autres réjouissances concoctées par le Casino et le Mudam.

Mieux, afin de se montrer sans gêne et d’ «amener l’art vers les gens», Luxembourg Art Week envisage d’installer une œuvre XXL (8 mètres sur 10) dans l’espace public, au Glacis, sur la petite place située à proximité de l’arrêt de tram. Pour l’instant, les organisateurs cherchent encore, après avoir encaissé le refus de Thomas Schütte et constaté l’impossibilité (pour des raisons techniques) d’y placer la sculpture d’Adel Abdessemed, où l’on voit Zidane s’essuyer le front sur le torse de Materazzi.

Seule certitude, finalement : «Il faut provoquer les rencontres entre différents milieux», clame Alex Reding, précepte pris au pied de la lettre par Marc Hostert, président du CAL dont le salon annuel profite, comme les années précédentes, de l’élan de Luxembourg Art Week. Son ouverture, avancée au 2 novembre, «juste après la bénédiction au cimetière du Limpertsberg», devait ainsi attirer de nouveaux fidèles. Comme le dirait le marché de l’art, il n’y a pas de petits profits.

Grégory Cimatti

Luxembourg Art Week – Halle Victor-Hugo, du 8 au 10 novembre.
Salon du CAL – Tramsschapp, du 2 au 14 novembre.