Installé dans sa galerie grand-ducale depuis l’an dernier, Hervé Lancelin lance le Luxembourg Art Prize. Les œuvres des douze finalistes et le nom du lauréat seront dévoilés le samedi 19 septembre, au moment du vernissage de l’exposition.
« Quand je suis arrivé à Luxembourg, on m’a dit : « L’argent ce n’est pas un problème, ce qui nous manque, ici, ce sont des idées » », lance le galeriste et collectionneur d’art Hervé Lancelin, installé au Grand-Duché depuis trois ans. Une remarque qui n’est pas tombée dans l’oreille d’un sourd. La preuve, dix mois à peine après l’ouverture sa galerie, voici qu’il lance le Luxembourg Art Prize. Il s’explique : « Avec la galerie, j’avais peur de ne plus avoir le temps d’aller voir les artistes dans leurs ateliers. Alors, après avoir fait partie du comité de sélection du prix Marcel-Duchamp, j’ai voulu faire en sorte que les artistes viennent à moi. D’où la création de ce prix.»
Aucune limite n’a été fixée. Ni dans le type d’art, ni dans les nationalités, ni dans l’âge des participants. « Le talent n’a ni frontière, ni âge », aime à répéter l’organisateur. Alors qu’il espérait une centaine de candidatures, ce dénicheur de talents en a reçu 131. Le galeriste a retenu 12 finalistes. Le plus jeune, le Luxembourgeois Yannick Schroeger, n’a que 18 ans, le plus ancien, Frédéric Blaimont, 67. Si les participants sont surtout français, on trouve une Américaine, un Belge, un Allemand, un Israélien, un Portugais et deux ressortissants grand-ducaux. Pas mal pour une première! À noter que, hasard de la sélection, quatre de ces douze finalistes sont des autodidactes.
Une œuvre de chacun de ces artistes sélectionnés sera exposée à la galerie Lancelin du 19 septembre au 30 octobre. Lors du vernissage sera également désigné le lauréat, choisi par un jury de quatre experts indépendants. Le vainqueur se verra attribuer une bourse de 10 000 euros pour le financement de la production d’une exposition personnelle prévue à la galerie Lancelin l’année prochaine.
Des signatures artistiques uniques
« Gagner serait superbe , lance l’autre finaliste grand-ducal, Michel Fouarge (lire ci-dessous). Gagner, ça flatte l’ego, mais franchement, ce n’est pas ça le but. L’important, pour moi, dans ce concours, c’est de me faire des contacts : avec d’autres artistes et avec des galeristes qui peuvent, peut-être, m’ouvrir de nouvelles portes dans le futur .»
Le futur! Voilà ce vers quoi regarde également l’organisateur avec cet Art Prize. « J’ai une vision à long terme , note Hervé Lancelin. L’idée est de découvrir de nouveaux talents et de leur mettre le pied à l’étrier, car je pense sincèrement que les artistes que je révèle aujourd’hui seront dans dix ans des stars internationales de l’art. Je me dis alors que, comme je les aurais exposés en premier, ce sera très bien pour l’image de la galerie. Et puis que ça peut m’assurer une fidélité de ces artistes .» Bref, une prise de risque qui peut en valoir la peine!
Quoi qu’il en soit, l’exposition de cette première édition du Luxembourg Art Prize commence à prendre forme. Les œuvres sont là et le galeriste s’affaire en ce moment à l’installation des différentes pièces. Il va falloir partager l’espace entre sculptures, peintures, photos, œuvres numériques, dessins… et entre art figuratif et abstrait.
Quelque 1 000 personnes sont attendues le soir du vernissage. Elles pourront alors découvrir les différents artistes sélectionnés, leurs œuvres et leurs différents processus créatifs. Point commun entre ces douze finalistes : « Une originalité, une signature artistique unique qui permet de les identifier instantanément », assure Hervé Lancelin. Tel est son credo. Une information qui devrait intéresser les artistes susceptibles de participer au Luxembourg Art Prize dans le futur. Car avant même la tenue de la première édition, cela ne fait aucun doute pour le galeriste : le concours se tiendra désormais tous les ans.
Pablo Chimienti
Exposition à voir à partir du 19 septembre à la galerie Hervé Lancelin, 7 rue Michel Rodange, à Luxembourg-Ville. www.hervelancelin.com
Michel Fouarge : « J’ai fini par trouver mon style »
Après une carrière dans le milieu de la mode, le Luxembourgeois s’est reconverti dans l’art en 2002. Depuis treize ans, il peaufine sa technique faite de photo et d’infographie.
Le Quotidien : Pourquoi participer au Luxembourg Art Prize?
Michel Fouarge : J’ai découvert ce concours par hasard, sur Facebook. Comme je n’avais plus fait de concours depuis une bonne année, je me suis pris au jeu. Je me suis informé, j’ai trouvé des références élogieuses sur Hervé Lancelin et je me suis inscrit. Puis, à ma grande surprise, j’ai été sélectionné.
Racontez-nous votre parcours.
J’ai été mannequin pendant longtemps, ensuite photographe de mode jusqu’en 2002, quand j’ai eu un grave accident. J’ai passé un an à l’hôpital et en rééducation. Je me suis posé beaucoup de questions et, en même temps, j’avais des images d’heroic fantasy dans la tête. J’ai donc commencé à faire des dragons, des elfes et des fées…
Il faut aussi un talent pour ça.
Du talent, je ne sais pas, un goût artistique, peut-être. Depuis, je passe dix heures par jour devant l’ordi à faire de l’infographie et j’ai fini par trouver mon style. Pour ce concours, j’ai proposé trois œuvres. Une où je mélange l’infographie avec la photo de mode, une très heroic fantasy et une dernière où je pars d’une cellule et je crée des ronds, tous différents et subdivisés en plusieurs couleurs. En reculant, ça crée une image.
P. C.