Lulu Gainsbourg, après avoir revisité en 2011 les chansons de son génie de père, a publié lundi son premier album de compositions personnelles, « Lady Luck », oscillant entre pop et ballades au piano.
Comme son père, qui avait touché au disco ou au reggae, l’érudit Lulu touche à tous les styles, de la pop aux ballades éthérées au piano en passant par le funk. (Photos : AFP)
C’est un disque où plane l’ombre de Serge, mais où le fils réussit à imposer sa patte. « Je ne vais pas m’empêcher d’exister parce que mon père était un grand de la chanson française, j’ai aussi des choses à dire », explique Lulu, 29 ans, verbe rare le rapprochant son père (décédé en 1991 quand il avant 5 ans) et longue chevelure brune héritée de sa mère, Bambou.
> L’art de faire chanter les femmes
Serge Gainsbourg n’avait pas son pareil pour faire chanter les femmes et notamment les actrices (de Brigitte Bardot à Vanessa Paradis en passant par Jane Birkin ou Isabelle Adjani). Son fils en fait autant. Après avoir fredonné Bonnie and Clyde, avec l’actrice Scarlett Johansson dans son album de reprises, il invite cette fois l’actrice Anne Hathaway (The Cure) et la plasticienne Ara Starck, fille du designer Philippe (It’s Always Something). « Ces duos se sont faits naturellement. Ara Stark, c’est un peu une grande sœur pour moi, une amie d’enfance. Anne Hathaway, c’est plus le hasard, on s’est rencontrés, on a sympathisé », explique Lulu.
> Des arrangements soignés
Sur Moushka, chanson où il s’adresse à sa mère, Lulu Gainsbourg confesse des batteries « ambiance Melody Nelson« . Sur Destiny, morceau dédié à son père, il assume aussi une couleur « gainsbourienne » volontaire. « Les fans de Gainsbourg et les musiciens reconnaîtront des touches de Melody Nelson ou de Marilou sous la neige« , souligne Lulu, qui joue lui-même du piano depuis l’âge de quatre ans et est diplômé du prestigieux Berklee College of Music de Boston.
Comme son père, qui avait touché au disco ou au reggae, l’érudit Lulu touche à tous les styles, de la pop aux ballades éthérées au piano en passant par le funk dans l’entraînant single Lady Luck. « Je ne me pose pas la question de savoir si je fais ou non comme mon père. Beaucoup de fils font comme leur père, dans beaucoup de métiers », évacue-t-il. Les rejetons Cohen (Adam, fils de Leonard), Lennon (Sean, fils de John) ou Higelin (Arthur H, fils de Jacques), tous chanteurs, en témoignent.
> Anglais plutôt que français
Côté textes, Serge Gainsbourg a su malaxer la langue française comme peu d’auteurs, jouant des doubles sens et de jeux de mots plus ou moins élaborés. Chez Lulu, la chanson s’écrit en anglais. « J’ai quitté la France depuis 2006 », rappelle le chanteur, passé par l’Angleterre avant de rejoindre Boston puis New York, où il a enregistré son album de reprises, et enfin de revenir à Londres, il y a deux ans, afin de « se rapprocher de (sa) mère, qui vit toujours à Paris ». « J’aime beaucoup la culture anglo-saxonne », dit celui dont les influences vont de Stevie Wonder à Radiohead en passant par Michael Jackson, les Rolling Stones ou Jamiroquai. Il n’exclut pas pour autant d’écrire en français, « un jour ».
> Discrétion plutôt que provocation
Serge Gainsbourg était devenu, en public, le trouble « Gainsbarre », maniant cynisme et provocation. Le discret voire timide Lulu estime, lui, « ne pas avoir besoin de se mettre dans la peau d’un personnage : je suis musicien avant tout », explique-t-il. Une absence de cynisme perceptible notamment dans ses chansons sensibles, presque naïves, où il s’adresse à sa mère ou à son père. Quant à la mythologie Gainsbourg, il « essaie de (se) séparer de cela à (sa) manière, à travers (sa) musique ». « Je pense que j’en ai le droit », souligne-t-il.
Le Quotidien (avec AFP)