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« Loving Vincent » : les derniers jours de Van Gogh dans un chef d’œuvre d’animation


Façonnés en Pologne et en Grèce durant sept années, les 65 000 plans du long métrage - tous peints à la main - ont mobilisé 125 artistes du monde entier. (capture vidéo Youtube)

Le pari était osé, mais le résultat est époustouflant : dans « Loving Vincent », 120 toiles de Vincent Van Gogh prennent vie pour retracer les derniers jours du peintre dans un film d’animation aussi envoûtant qu’haletant.

Très attendu pour son ambition formelle, le long métrage de la réalisatrice polonaise Dorota Kobiela et de son homologue britannique Hugh Welchman a reçu mardi une ovation lors du festival d’Annecy, où il était présenté en compétition et en avant-première mondiale. « L’âme de ce projet, c’est la peinture de Vincent Van Gogh. C’est son souffle d’artiste », a raconté Dorota Kobiela, submergée par l’émotion au moment d’évoquer les défis de la fabrication de cette œuvre entièrement animée à la peinture à l’huile, à la manière du maître.

Épousant avec minutie son inimitable style coloré, le film bascule dans d’extraordinaires séquences de flash-back en noir et blanc lorsque le passé du génie néerlandais s’invite dans le récit. Loving Vincent fonctionne comme un tableau géant – au format 4/3 – que l’artiste incompris de son vivant aurait peint et modelé sans discontinuer devant les yeux des spectateurs durant 94 minutes. Très écrits, les dialogues du long métrage ont été inspirés par la lecture de plus de 800 lettres rédigées par Van Gogh à ses amis et à sa famille, la plupart à destination de son frère Théo. Son intrigue, mêlant pure fiction et faits historiques, repose sur ce courrier disséqué par les deux cinéastes, qui se sont concentrés sur les ultimes instants de l’artiste. « Van Gogh racontait sa vie à travers ses toiles. Il nous a suffi de relier les œuvres de cette période pour obtenir une ébauche de storyboard, à laquelle nous avons ensuite associé ses lettres », poursuit Dorota Kobiela.

Quelque 65 000 plans peints à la main

Le film débute un an tout juste après la mort du peintre – le 27 juillet 1890 – avec l’arrivée à Auvers-sur-Oise, où Van Gogh a rendu son dernier souffle, d’un jeune homme nommé Armand Roulin. Personnage fictif, ce fils de facteur vient remettre à Théo Van Gogh une lettre laissée avant sa mort par son défunt frère, qui ne lui est jamais parvenue. Au gré des rencontres dans ce bourg du nord de Paris, le jeune homme commence à s’intéresser aux circonstances du décès de l’artiste. Petit à petit, les langues des villageois se délient.

Le long métrage dresse le portrait d’un homme aussi peu loquace que sociable, mais profondément attaché à sa famille. Surtout, il décrit un artiste rongé par une insondable solitude et qui utilisait la peinture pour exorciser ses démons. Van Gogh s’est-il donné la mort ou a-t-il été assassiné comme l’affirme une biographie récente ? Les réalisateurs de Loving Vincent prennent soin de ne pas trancher, mais utilisent les deux hypothèses pour élaborer un polar finement ciselé.

Façonnés en Pologne et en Grèce durant sept ans, les 65 000 plans du long métrage – tous peints à la main – ont mobilisé 125 artistes du monde entier. L’un des nombreux défis relevés par l’équipe d’animateurs a été de combiner entre-eux les différents styles du peintre afin de fluidifier le récit. Avec cette contrainte, certaines toiles ont été ré-imaginées de nuit ou durant l’été pour coller à l’histoire. « On avait parfois jusqu’à 20 peintres en même temps dans le studio. Les acteurs ont beaucoup collaboré avec eux car Van Gogh sublimait l’âme de ses modèles dans ses portraits », souligne Hugh Welchman. A chaque fois qu’un personnage apparaît pour la première fois, le premier plan n’est autre qu’un portrait original de Van Gogh. Une nouvelle façon de redécouvrir l’œuvre d’un artiste majeur.

Le Quotidien/AFP

Sortie dans les salles françaises le 11 octobre