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La loi de Vincent Lindon


Vincent Lindon incarne un vigile désabusé. (Photo Diaphana)

Vincent Lindon porte sur ses seules épaules le nouveau film de Stéphane Brizé, La Loi du marché, chronique sociale dans la France de la crise présentée à Cannes. Son prix d’interprétation cannois est tout sauf une surprise.

C’est un des chocs du festival de Cannes et il est français. La loi du marché, film coup de poing sur le capitalisme triomphant, a ému la Croisette, lundi soir, lors de sa projection en compétition. Vincent Lindon y incarne un cinquantenaire au chômage, qui se bat pour rester debout, pour aimer sa femme et aider son fils, handicapé physique.

A la manière des frères Dardenne, le réalisateur Stéphane Brizé ne lâche pas son héros du cadre. On pense forcément à Deux jours, une nuit, le dernier film des frères belges, avec Marion Cotillard. De chaque plan, de chaque scène, Vincent Lindon, aidé par des partenaires pour la plupart amateurs, donne une telle vérité à son personnage que l’immersion dans cette misère sociale est totale.

Misère mais pas misérabilisme car Stéphane Brizé rend noble chaque personnage, du triste directeur de supermarché pressé d’augmenter son profit à la banquière zélée toujours prête à placer un crédit. Car cette Loi du marché est une plongée sans concession dans le quotidien d’un homme moyen mais fier, d’un monsieur-tout-le-monde si proche du réel.

Systématisme du parti-pris

Tout juste regrettera-t-on le systématisme de la mise en scène, la multiplication des séquences, notamment au supermarché, qui appuient trop le propos, pour laisser de côté le beau personnage féminin qu’est l’épouse du héros ou la difficulté d’élever un enfant handicapé.

Mais, tel quel, le film assume son parti-pris, radical, et ne manque pas de troubler le tranquille spectateur. Quant à Vincent Lindon, il choisit une nouvelle fois de défendre des films au message clair.

Il se pose là, comme acteur engagé, lui le Parisien bon teint, qui fait de son cinéma et de ses rôles des armes de discussion massive. C’est remarquable dans le cinéma français et le simple fait qu’un tel acteur puisse attirer le public vers de tels films est déjà une récompense.

Couronné dimanche soir par le prix d’interprétation à Cannes, Vincent Lindon prouve en plus qu’il peut être à la fois populaire et exigeant. Il devrait en inspirer d’autres.

Christophe Chohin

La Loi du marché, de Stéphane Brizé. Comédie dramatique (1h33), avec Vincent Lindon, Yves Ori, Karine de Mirbeck…

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