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[Littérature] Les histoires familiales règnent sur la rentrée littéraire


Le nouveau livre d’Emmanuel Carrère, Kolkhoze, l’histoire d'une famille sur quatre générations, est garanti d’être la locomotive de cette rentrée littéraire.

C’est déjà la rentrée littéraire, avec beaucoup d’histoires familiales qui cherchent à émouvoir et à faire réfléchir leurs lecteurs, parmi les près de 500 romans attendus d’ici l’automne.

«C’est une tradition étrange où les sorties ont lieu à une date où les Français n’ont pas d’argent à consacrer aux livres, entre les dépenses des vacances et de la rentrée des classes. Mais c’est la tradition», commente un éditeur. Ainsi, les premiers titres de la rentrée littéraire d’automne 2025 arrivent en librairie dès aujourd’hui, comme par exemple Où les étoiles tombent (Stock) de Cédric Sapin-Defour, l’auteur du best-seller Son odeur après la pluie, ou Le Livre de Kells (Grasset) de Sorj Chalandon.

Les maisons d’édition françaises publient, selon Livres Hebdo, 484 romans entre août et octobre. Et 73 d’entre eux sont l’œuvre de nouveaux auteurs francophones qui tentent leur chance, dans un marché où la compétition est rude. Comme par exemple Julien Fyot, professeur des écoles, avec Décrochages (Viviane Hamy).

La littérature, globalement, a connu une bonne année 2024, avec un chiffre d’affaires en hausse de 5,7 % selon le Syndicat français de l’édition. Cette croissance, tirée par les livres de poche et le genre de la romance, ne profite pas à tous. Entre Quitter la vallée de Renaud de Chaumaray (Gallimard) et Quitter Berlioz d’Emmanuel Flesch (Calmann-Lévy), lequel attirera l’attention ?

Les auteurs les plus connus monopolisent par ailleurs beaucoup d’espace sur les étals et dans les médias. Cette rentrée d’août 2025 est marquée par le nouvel Emmanuel Carrère, Kolkhoze (POL), dans lequel le romancier parle essentiellement de sa mère décédée en 2023, Hélène Carrère d’Encausse. Il est attendu par les libraires comme locomotive. «Une rentrée littéraire, elle doit être incarnée par quelqu’un, tout simplement pour des gens qui ne vont pas forcément beaucoup en librairie», dit le journaliste littéraire Baptiste Liger dans le podcast Les Voix du livre.

Mères et pères

Ce dernier souligne aussi que la grande tendance chez les romanciers est «l’autoportrait à travers l’autre», qui est surtout un membre de la famille. Amélie Nothomb, portant son record à 33 rentrées littéraires consécutives, choisit aussi sa mère dans Tant mieux (Albin Michel). De même que Raphaël Enthoven avec L’Albatros (L’Observatoire), Justine Levy avec Une drôle de peine (Stock), Catherine Millet avec Simone Émonet (Flammarion), Pauline Liétar avec Paillette (Charleston) ou encore Régis Jauffret avec Maman (Récamier), tout simplement.

Vanessa Schneider dans La Peau dure (Flammarion) et Catherine Girard dans In violentia veritas (Grasset) évoquent des pères écrivains. Ceux d’Anne Berest dans Finistère (Albin Michel) ou d’Anthony Passeron dans Jacky (Grasset) sont moins illustres, mais ne sont pas moins au cœur de leurs romans. Laurent Mauvignier parle de toute sa lignée dans La Maison vide (Éditions de Minuit).

Qui sera bien placé pour les prix Goncourt, Renaudot, Femina, Médicis et autres prestigieuses récompenses? Les pronostics voient revenir des noms comme Nathacha Appanah avec La Nuit au cœur (Gallimard), Maria Pourchet avec Tressaillir (Stock), Antoine Wauters avec Haute-Folie (Gallimard) ou deux auteurs de Julliard, David Diop avec Où s’adosse le ciel et Sarah Chiche avec Aimer.

Nouvelle maison d’édition

Parmi ses «dix incontournables», la revue Livres Hebdo a également inclus Zem de Laurent Gaudé (Actes Sud), Ils appellent ça l’amour de Chloé Delaume (Seuil) et L’Homme sous l’orage de Gaëlle Nohant (L’Iconoclaste). Remarquée pour son premier roman La Petite Dernière, dont l’adaptation au cinéma par Hafsia Herzi a été saluée par un prix d’interprétation à Cannes, en mai, et est attendue en octobre dans les salles, Fatima Daas revient avec Jouer le jeu (L’Olivier), sur une lycéenne qui s’interroge sur ses ambitions.

Une nouvelle maison, Les Léonides (groupe Les Nouveaux Éditeurs), se lance en publiant trois romans, dont celui de Marie Charrel Nous sommes faits d’orage. Enfin, parmi les 140 titres étrangers de la rentrée, l’Espagnol Javier Cercas avec Le Fou de Dieu au bout du monde (Actes Sud), sur la foi et le pape François, et l’Islandaise Audur Ava Olafsdottir avec DJ Bambi (Zulma), sur la transidentité, sont parmi les gros tirages.