La romancière Mélissa Da Costa, après avoir atteint deux millions de livres vendus à 32 ans seulement, fait voyager ses lecteurs aux antipodes, dans un roman qui pourrait l’emmener très haut.
L’année 2023, celle de son sixième ouvrage, Les Femmes du bout du monde, sera peut-être la sienne. Numéro trois des ventes de livres en 2022 en France, selon l’institut GfK, et seulement trois ans après sa première publication, Mélissa Da Costa s’est placée derrière des concurrents redoutables. Guillaume Musso reste numéro un depuis douze ans. Et son suivant, Joël Dicker, a vu très bien marcher le polar L’Affaire Alaska Sanders et la maison d’édition qu’il a lancée. Or, Musso a annoncé qu’il devrait ne pas sortir de nouveauté cette année. Et Dicker préfère apparemment publier les années paires.
La jeune femme, de son côté, maintient un train d’enfer après deux romans l’an dernier : Les Douleurs fantômes en février, puis La Doublure en septembre. «Je n’écris pas deux romans par an», explique-t-elle. Parfois plus, généralement moins. L’édition au Livre de poche des Douleurs fantômes, numéro un des ventes à sa sortie début février, est assurée d’être parmi les succès de l’année.
Une notoriété encore modeste
Son nouveau roman, Les Femmes du bout du monde, a de sérieux atouts pour séduire aussi les fans qui l’ont découverte avec son roman phare, le premier, Tout le bleu du ciel (2019). Un beau voyage en Nouvelle-Zélande, des personnages que l’autrice prend le temps de faire connaître, et une écriture impeccable. «Il faut s’attarder sur les gens. Comme dans la vie de tous les jours : ça ne sert à rien, 30 ou 40 amis», considère-t-elle. «C’est dans la lenteur, dans des silences, dans des regards, des gestes, qu’il se passe énormément.»
Ses fans sont surtout des femmes, elles qui lisent plus de romans. Mais «dans les courriers que je reçois, les messages privés, j’ai bien 40 % d’hommes», confie l’autrice. «J’ai aussi, aussi surprenant que ça puisse paraître (…) un gros lectorat en prison! Masculin. J’ai reçu des courriers de prisonniers, avec de très lourdes peines, qui versaient leur larme.»
La notoriété est encore modeste, face aux figures les plus médiatiques de la littérature. «Je n’ai jamais été interpellée nulle part, ni reconnue nulle part», rapporte-t-elle. Pour combien de temps? Même la presse people commence à se pencher sur elle. Comme le magazine Gala, qui s’interrogeait récemment : «Mari, enfant… Que sait-on de sa vie privée ?»
Il faut s’attarder sur les gens (…) C’est dans la lenteur, dans des silences, des regards, des gestes, qu’il se passe énormément
Celle-ci est banale, à croire cette jeune mère de famille d’une petite ville des Yvelines. Après une première carrière dans la communication, son rêve d’écrire a pris le pas. Et si elle gagne aujourd’hui très bien sa vie, elle qui vient d’un milieu modeste, mène un quotidien fort ordinaire. «C’est très bête, mais on ne se transforme pas du jour au lendemain (…) Je roule toujours dans ma vieille Twingo grise et les gens me disent : « Mais enfin! »» Sur les photos de sa page Facebook, souriante à chaque fois, la romancière dévoile un peu de cette vie qui, en apparence, offre peu d’aspérités.
Mais dans Les Femmes du bout du monde, comme dans ses autres intrigues, tout n’est pas rose. Trahisons, dépression, cruauté, conflits internes irrésolus, tentations inavouables, excès divers et autodépréciation hantent les personnages de Mélissa Da Costa. «Je trouve que dans la littérature, les femmes sont toujours très lisses, très consensuelles. Ce sont toujours des madones, dans la générosité, le don de soi…», déplore-t-elle. «J’aime avoir des héroïnes, au contraire, qui piquent un peu.»
Les Femmes du bout du monde, de Mélissa Da Costa. Albin Michel.
Bonjour, c’est l’écrivain Seydou Koné. Juste vous saluer.