Dès ce dimanche, et jusqu’au 18 décembre, le Qatar organise la 22e Coupe du monde de football. L’occasion de plonger dans six livres indispensables pour ne rien ignorer sur l’un des évènements le plus regardé sur la planète.
Coupe du monde 1930-2022
Aczel
Éditions Contre-Dires
Pour tout savoir sur la Coupe du monde de football, en dessins (et aussi en textes), voici un livre qui compte même si le titre est on ne peut plus banal : Coupe du monde 1930-2022. De l’Uruguay à la Russie (les pays organisateurs), tout y est! L’auteur : German Aczel. Il est né en Argentine, a dessiné pour des journaux de Buenos Aires puis au Brésil, est venu en Europe, a dansé le tango à Munich où il a rencontré sa femme et s’y est installé. Son Coupe du monde 1930-2022 est un succès mondial, et voici la version française. Aczel n’est pas seulement danseur : le foot, ça le connaît – et sacrément bien! Nous voilà donc embarqués pour un voyage en ballon (rond), et gloire à Andrade et Guillermo Stabile, les héros de la compétition en 1930. En noir et blanc, et en couleurs, Aczel n’a pas son pareil pour, entre autres, dessiner une action amenant un but. Ou planter un décor avec vue sur ville ou sur stade. C’est allègrement pétillant, aussi brillant qu’un dribble chaloupé d’un attaquant ou une parade de haute voltige d’un gardien.
3 minutes pour comprendre l’histoire…
Pascal Boniface
Le Courrier du Livre
Directeur et fondateur de l’Institut de relations internationales et stratégiques (IRIS), Pascal Boniface n’est pas seulement un expert en géopolitique. Il est également un passionné des choses du ballon rond, et ne s’en cache pas… Ainsi, il nous envoie un très réussi ouvrage, au titre long comme un match avec prolongations : 3 minutes pour comprendre l’histoire de la Coupe du monde de football (avec une préface signée de Michel Platini). Enrichi d’une iconographie riche et impeccable, en séquences vives et denses, le livre suit un ordre chronologique, en commençant par les sports ancêtres (dont la soule) et la naissance du football dans les collèges anglais. Après avoir évoqué l’empire universel et le phénomène social et politique, place à la Coupe du monde au XXe siècle puis à l’ère de la télévision couleur. Avec le grand et ultime chapitre consacré au XXIe siècle, l’auteur raconte l’éveil asiatique, le Juin-40 du football français, Deschamps d’honneur ou encore le Qatar, pays hôte du Mondial 2022. Un livre aussi indispensable que pédagogique.
Le Tour du monde en 80 stades
Vladimir Crescenzo
Éditions du Chemin des Crêtes
Certain(e)s, dans les pas de Jules Verne, s’offrent un tour du monde en 80 jours. D’autres se fixent un objectif différent… Alors, ça devient un livre joliment illustré, signé Vladimir Crescenzo et simplement titré Le Tour du monde en 80 stades. À nous la planète football! Mais avec Crescenzo, journaliste qui sait s’élever bien au-dessus du ras du gazon, ça joue sacrément (bien) le contre-pied. Pas question de se poser, une fois encore, au Camp Nou, au Maracanã, à Anfield Road ou au Stade de France… Non, l’auteur n’a pas son pareil pour emmener lectrices et lecteurs au Groenland, aux Maldives, au Népal, en Bolivie ou encore sur les flancs du Kilimandjaro. Y retrouver là, en mots et en images, l’histoire et la culture foot, se tenir à bonne distance de ce foot business avec, surgis de rien dans le désert, ses stades climatisés – hérésie totale en ces temps de réchauffement climatique. Un beau livre très réussi pour, comme le suggère l’auteur, «un retour à ce qui fait l’essence même de ce sport universel».
Dictionnaire amoureux de la Coupe du monde
Vincent Duluc
Plon
Depuis un bon moment déjà, dans la presse écrite française, il y a pléthore de plumitifs persuadés d’écrire à tout coup des œuvres vouées à la postérité. Heureusement, il y a, dans ce désert, un journaliste qui survole l’ensemble. Il travaille pour L’Équipe, hier on l’aurait qualifié de leader de la rubrique, aujourd’hui on le dit «plume» (une espèce en voie d’extinction). Normal qu’on retrouve Vincent Duluc, 60 ans, signataire du Dictionnaire amoureux de la Coupe du monde. L’affaire, il la connaît puisqu’il s’apprête à vivre sa dixième compétition (peut-être sa dernière, laisse-t-il entendre). Observateur attentif de l’Olympique lyonnais, des Bleus de France et du football anglais, il propose donc une promenade follement amoureuse, donc totalement subjective en ce monde du ballon rond. Ça commence par A comme Agence de voyages Platini (lequel signe la préface de ce Dictionnaire), et ça se termine par Z comme Zoff, Dino – le gardien de but de la Squadra Azzura de 1968 à 1983. En lisant Vincent Duluc, on ne peut qu’aimer le football. Tout en n’étant jamais dupe.
Cristiano
Thierry Marchand
Flammarion
En sous-titre : «L’homme qui voulait être aimé». Au début de l’histoire, rien n’était programmé pour que le gamin né en 1985 à Madère, une des quatre îles de l’archipel portugais dans l’Atlantique au large de la côte nord-ouest de l’Afrique, devienne un jour l’une des personnes les plus médiatisées de la planète – et pas seulement pour le foot. Avec Cristiano, Thierry Marchand, longtemps journaliste à L’Équipe et France Football, fort de ses neuf rencontres avec le footballeur, propose un récit bien charpenté autour d’un «destin hors du commun». Cristiano Ronaldo, surnommé «CR7», a joué à Lisbonne, à Manchester United, au Real Madrid et à la Juventus Turin, a été champion d’Europe avec la sélection du Portugal et remporté 5 Ballons d’or (récompense pour le meilleur joueur mondial sur une année). Marchand raconte un joueur singulier, véritable machine à envoyer le ballon dans le but adverse, et aussi une icône du sport mondial. En n’oubliant jamais la dimension humaine du personnage depuis plus de vingt ans sur le devant de la scène.
Maradona
Philippe Vilain
Les Pérégrines
Homme de lettres fort estimable, chercheur en littérature installé depuis peu à Naples et écrivain (dernier roman en date : La Malédiction de la Madone), Philippe Vilain signe un essai au titre explicite : Maradona. Un texte bref, 112 pages, pour raconter un joueur argentin né le 30 octobre 1960 à Lanús, mort le 25 novembre 2020 à Tigre. Petit format (1,65 m), dans les années entre 1976 et 1997, il a été, avec Michel Platini, la référence du numéro 10, le meneur de jeu, le créateur. Parce que, selon Vilain, le joueur se définissant politiquement homme de gauche et recourant à la «main de Dieu» si nécessaire bénéficie encore d’«une incroyable aura». Vainqueur de la Coupe du monde 1986 avec la sélection argentine au Mexique, il sera à jamais l’homme de la passion populaire – il suffit de voyager à Naples où il a joué 259 matches entre 1984 et 1992 pour en avoir la confirmation. Avec Diego Armando Maradona, le football est poésie – comme l’affirme Philippe Vilain qui n’hésite à affirmer que «Maradona est le plus grand joueur». Et à écrire pourquoi.