À l’approche de Paris-2024, le journaliste Pierre-Louis Basse et l’artiste Ernest Pignon-Ernest publient La Ruée vers l’or. L’ouvrage «olympique» indispensable parce que le plus beau : formidablement écrit et délicieusement illustré.
Port majestueux, une citation : «Il n’y a pas de hasard, il n’y a que des rendez-vous.» Les mots ouvrent La Ruée vers l’or, le plus beau livre de cette année olympique avec les Jeux d’été à Paris, du 26 juillet au 11 août.
Le plus beau livre né d’un rendez-vous d’amis à vie : Pierre-Louis Basse, journaliste de valeur(s) et écrivain d’excellence, et Ernest Pignon-Ernest, pionnier du «street art», photographe et membre de l’Académie des Beaux-Arts. Le premier fut une des grandes voix radio de la chose sportive, le second, enfant à Nice, collectionnait dans des boîtes en fer des images de champion(ne)s du sport…
Ouvrage au format XXL, La Ruée vers l’or déroule trente-six portraits de noms qui illuminent encore et toujours les Jeux olympiques modernes, et pas moins de 130 dessins et esquisses. Sur près de 300 pages, c’est l’hommage, l’ode à l’ampleur du geste.
Qui devient flèche quand apparaissent Jesse Owens aux Jeux de Berlin-1936 ou Usain Bolt à Pékin-2008, Londres-2012 et Rio-2016 (soit un total de huit médailles d’or…). Qui devient bras d’honneur au monde communiste avec le Polonais Wladyslaw Kozakiewicz, vainqueur du saut à la perche à Moscou-1980 (commentaire à ce sujet de Pierre-Louis Basse : «Il y a brusquement comme un délicieux et court chapitre d’un roman de Milan Kundera»).
Qui révolutionne le monde du sport avec l’Américain Dick Fosbury qui, à Mexico-1968, remporte le saut en hauteur non pas en «ventral» mais en «dorsal»… Qui, lors de cette même compétition, installe sur le podium du 200 mètres deux Afro-Américains aux poings gantés de noir, Tommie Smith et John Carlos… Qui, encore, consacra pour l’éternité l’«enfant parfaite», Nadia Comaneci, qui obtient à Montréal-1976 la note de 10, jamais vue jusqu’alors en gymnastique…
Dimension politique
Une couronne d’olivier suffira, rappelle Pierre-Louis Basse, évoquant ces Jeux de l’Antiquité, en Grèce, en 776 avant notre ère. Homme de belle érudition qui n’aime le jaune que chez Vincent Van Gogh, il sait chanter le sport comme peu.
À preuve, son impeccable Séville 1982 (2005) – récit du «match du siècle», soit une fameuse demi-finale de Mondial de foot perdue par la France face à la RFA – ou encore un Larousse du football (2000), une biographie d’Éric Cantona, une «histoire secrète» du Paris-Saint-Germain…
Avec son complice Ernest Pignon-Ernest, qui a donné voix aux murs des villes bien avant les graffiteurs, Pierre-Louis Basse a monté un relais non pas à quatre mais à deux – texte au départ, transmission du bâton pour dessin ou esquisse à l’arrivée pour objectif.
Tout ça sous le regard de l’Américaine Alice Coachman, première médaillée olympique noire (1948) aux Jeux olympiques de Londres, du sauteur en longueur américain Bob Beamon, atterrissant à 8 m 90 à Mexico-1968, du nageur Mark Spitz et ses sept médailles d’or à Munich-1972, de «l’ours rouge» haltérophile Vassili Ivanovitch Alexeiev (1 m 88, 153 kilos), lui aussi à Munich puis à Montréal-1976…
Sans oublier la «Dream Team» du basket américain à Barcelone-1992 (Michael Jordan, Magic Johnson, Patrick Ewing, Larry Bird…), invaincue pendant la compétition et naturellement championne olympique.
Au fil des pages de l’ouvrage, les mots de Basse et les traits de Pignon-Ernest déroulent l’honnêteté extrême de ne pas plonger dans cet angélisme de bazar instillé dans le sport par des naïfs, plus souvent encore par des profiteurs des variétés.
Avec l’auteur et l’artiste, la dimension politique de la chose sportive est là, dans toutes les pages, omniprésente. Misogynie, racisme, fascisme, oppression… Mais voilà, fort de ses «enfants» embarqués dans la Ruée vers l’or, un peuple (sportif) uni ne sera jamais vaincu!
La Ruée vers l’or, de Pierre-Louis Basse et Ernest Pignon-Ernest. En Exergue Éditions.