Le Quotidien Indépendant Luxembourgeois
En Scandinavie, où l’on s’y connaît dans l’art du polar et du thriller, on est catégorique : il est le «meilleur auteur de thriller du monde!».
L’Espagne le tient pour «le roi du polar» et en Grande-Bretagne, on le considère comme «sans conteste l’un des meilleurs» auteurs du genre. À 64 ans, Bernard Minier a vendu 6,6 millions d’exemplaires en France, 1,5 million à l’étranger et est traduit en 28 langues – mieux : en 2024, Les Effacés a été la deuxième meilleure vente de thrillers en France. Autant dire et écrire que le natif de Béziers, ancien douanier et entré en littérature en 2011 avec Glacé, est un «poids lourd» de la chose écrite en France… Pas étonnant alors que son nouveau roman, H, arrive en librairie avec un premier tirage de 160 000 exemplaires!
Son éditeur historique, XO, le cajole : «Jamais Bernard Minier n’a été aussi surprenant, noir et provocant.» Ainsi, dans H (comme hiver, comme hécatombe, comme Hirtmann), on retrouve son héros fétiche, le commandant Martin Servaz, qui va affronter son «meilleur ennemi», Julian Hirtmann – lequel, serial killer démoniaque, s’était évadé dans le précédent livre. Avertissement toutefois de l’auteur : «H est très loin d’être le seul personnage important de ce livre, voire le plus important, et il s’y passe bien des choses à côté de sa traque… Pas besoin d’avoir lu la précédente enquête de Martin Servaz pour lire celle-ci.»
On résume : l’intrigue du livre commence six mois après celle du précédent. «Lorsque la traque mortelle se double de disparitions qui rappellent l’un des plus grands scandales criminels et sexuels des dernières décennies, c’est la terreur qui s’installe», lit-on. Servaz vit une période de doute, il se sent coupable de la mort de son adjoint, sa famille a déménagé et été placée sous protection, son couple bat de l’aile… et Hirtmann, le plus célèbre des tueurs en série, est dans la nature… Tout le monde part en chasse.
Avec son équipe, le commandant enquête sur une série de meurtres qui auraient possiblement été perpétrés par Hirtmann. On y ajoute du «web sleuthing» avec le Club des inénarrables enquêteurs, une équipe d’internautes amateurs d’enquêtes conduite par Emmanuel Sachs, parent d’une victime d’Hirtmann et écrivain de renom, qui assure détenir des infos susceptibles d’intéresser Servaz. Commentaire de Minier : «Imaginez des centaines de personnes collaborant pour retrouver le coupable d’un crime et ayant à leur disposition le plus gigantesque gisement d’informations de toute l’histoire de l’humanité, une mine de renseignements sur tout et tout le monde : internet…» On y ajoute également Esther Kopelman, une journaliste qui reprend l’enquête menée par son confrère assassiné, ou encore Damien Dix, l’animateur télé bien azimuté, sans foi ni loi, qui ressemble fort à un «agité» contemporain du PAF (paysage audiovisuel français) et qui, dans son «talk-show le plus regardé de France», réputé pour nombre de scandales, invite Hirtmann…
Un thriller haletant où réalité et fiction se confondent
Avec H, Bernard Minier reconnaît avoir été interpellé par l’engouement du public pour le «true crime» – ce genre racontant des crimes réels d’hier ou d’aujourd’hui : «C’est assez sidérant, explique-t-il, tous ces gens qui se prennent de passion pour le « true crime » de nos jours. On en trouve partout désormais : sur les plateformes de streaming, sur les chaînes de la TNT, en podcast, sur YouTube, dans les magazines… Je me suis demandé ce que ça disait de nous, cette fascination pour les crimes réels, fascination qui transcende les générations comme les classes sociales.»
«Il ne s’agissait plus de divertissement, désormais, mais d’une guerre idéologique, qui faisait rage sur tous les fronts, à la télé comme sur la toile, une guerre sans merci – où celui qui pensait différemment devenait un ennemi à abattre, un ennemi mortel…» Avec H, thriller formidablement haletant, Bernard Minier explore un genre où réalité et fiction se confondent. Dès lors, on peut craindre le pire. Arrivera-t-il?
Bernard Minier – « H »
XO Éditions
