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[Littérature] Guillaume Musso, le thriller «roi»


Rencontre avec l’écrivain Guillaume Musso.

Un aveu, tout simple : «Je suis là où je rêvais d’être, quand j’avais 15 ans…». Là, c’est assis dans son bureau parisien. C’est écrire toute la journée après avoir emmené ses enfants à l’école, s’arrêter à 17 h après les avoir récupérés, et rentrer à la maison. Aujourd’hui, à bientôt 50 ans (le 6 juin prochain), Guillaume Musso est l’écrivain francophone le plus lu dans le monde, celui que le New York Times présente comme «le maître français du suspense». Ce qu’il prouve une fois encore avec son tout récent vingt-deuxième roman, Quelqu’un d’autre – avec un premier tirage XXL de 500 000 exemplaires (encore plus que son challenger du moment, le Suisse Joël Dicker et ses 400 000 exemplaires pour Un animal sauvage).

Depuis 2011 et pendant douze années consécutives (excepté en 2023, année durant laquelle il n’a rien publié), Guillaume Musso occupe la première place du classement des auteur(e)s les plus vendu(e)s en France. Humblement, il commente : «J’écris pour les lecteurs, pas pour être numéro 1!». N’empêche! À peine arrivé en librairies, Quelqu’un d’autre s’est immédiatement retrouvé tout en haut des ventes. Musso «number one»! Évidemment, les critiques bienpensantes raillent cet écrivain multimillionnaire (en nombre de livres vendus!), cet auteur de thrillers qui ne craint pas d’affirmer : «J’aime le divertissement».

Ainsi, au hasard des pages de ce nouveau roman, on peut lire : «Une seule certitude : il faut AGIR. Vite. Ne pas procrastiner en espérant que les problèmes se résoudront d’eux-mêmes. Faire face. Ne pas nier l’obstacle. L’affronter». Ou encore : «La garde à vue obéissait à la même philosophie qu’une partie de tennis : pour gagner, il fallait imposer sa balle à l’adversaire, pas seulement la lui renvoyer». Les phrases chantournées, ce n’est pas le style de la maison certes, mais quand il faut dérouler une intrigue, tel l’artisan expérimenté, Guillaume Musso sait faire.

Ainsi, nous voici embarqués sur la Côte d’Azur. Printemps 2023, Cannes et, au large, les îles de Lérins. «La Côte d’Azur est un très bon décor parce qu’y cohabitent l’opulence et une certaine pauvreté. C’est 80 % de soleil, mais un orage peut tout dévaster : parfait pour un thriller psychologique», explique Guillaume Musso. Ici, un yacht dérive. Sur le pont, Oriana Di Petro. Italienne, dans la vie, elle est éditrice et, accessoirement, héritière d’une riche et célèbre famille de Milan. Soudain, elle est agressée. Sauvagement. Dix jours dans le coma, elle meurt. Question immédiate : qui a tué Oriana?

J’écris pour les lecteurs, pas pour être numéro 1!

Alors, après avoir longtemps écrit des intrigues avec l’Amérique du Nord pour théâtre, Guillaume Musso est de retour en France et tente de résoudre l’énigme de ce meurtre. Pour ce faire, il convoque un homme et deux femmes : Adrien, le mari de la victime, pianiste de jazz séduisant et mystérieux, l’insaisissable Adèle, sa jeune maîtresse, et Justine, la policière locale chargée de l’enquête. L’auteur fait également appel à Oriana qui, elle, déroule le récit («bouleversant», précise l’auteur) des dernières semaines de sa vie. Commentaire de Guillaume Musso : «Je me pense en metteur en scène de théâtre, qui met en relation des personnages. Je veux les comprendre, mais jamais les juger. Je me mets à leur place car tout le monde a ses raisons, même les méchants. J’aime travailler sur la complexité et trifouiller à l’intérieur de l’âme humaine».

On va vite le comprendre : dans cette affaire, personne ne ment. Seul problème, aucun des protagonistes n’a la même appréhension de la vérité. Résumé, c’est bien la confirmation que, comme l’assure l’éditeur de Quelqu’un d’autre, «il y a trois vérités : ma vérité, ta vérité, la vérité»… Sans négliger l’hypothèse d’une «quelqu’une d’autre», allez savoir! En 2021, Guillaume Musso a reçu le prix Raymond-Chandler (récompense ultime pour les maîtres du suspense à travers le monde). Il a été le premier Français à recevoir cette distinction. Et demeure à ce jour le seul.