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[Littérature] Au fil de la rivière des suicidés…


Paula Hawkins a vendu 18 millions d'exemplaires, 42 langues, de son premier roman, "La Fille du train".

Après l’immense succès de La Fille du train, la Britannique Paula Hawkins est de retour avec son deuxième roman, Au fond de l’eau. Un thriller «psychologique domestique» réussi. Sûrement, LE best-seller de l’été!

Bien sûr, il y eut ce tsunami littéraire en 2015 avec La Fille du train. Pas moins de 18millions d’exemplaires vendus dans le monde, une adaptation ciné par les studios DreamWorks… et une belle fortune pour la Britannique Paula Hawkins, 44 ans, journaliste au Financial Times et qui avait publié, sous le pseudo d’Amy Silver, quatre bluettes (dont elle n’est pas fière aujourd’hui). Paula Hawkins est de retour, toujours sous son nom, avec un deuxième roman, un thriller «psychologique domestique» : Au fond de l’eau, et ce pourrait bien être, ce devrait être LE best-seller de l’été.

L’éditeur français interpelle le (futur) lecteur : «Pourrez-vous remonter à la surface?» Oui, comment remonter à la surface, une fois lancé dans l’histoire? Une histoire toute simple : une femme, Nel, a appelé sa sœur Julia qui a refusé de lui répondre. Une semaine plus tard, le corps de Nel est retrouvé sans vie dans la rivière qui serpente dans la petite ville de Beckford. Soudain, Julia est envahie par la frayeur de devoir retourner sur les lieux de son enfance?

La peur la tenaille – va-t-elle pouvoir affronter le soi-disant suicide de sa sœur? Va-t-elle accepter de s’occuper de Lena, sa nièce de 15 ans, qu’elle ne connaît pas? Va-t-elle oser se colleter avec un passé qu’elle s’est toujours appliquée à éviter, à fuir? Et puis, il y a cette rivière. Celle qu’on appelle «la rivière aux suicidées», comme il y a, au Japon, la «forêt des suicidés»…

Une atmosphère gothique

«J’avais déjà réfléchi depuis longtemps à cette histoire de sœurs, Julia et Nel, qui ne se sont plus parlé pendant des années, explique Paula Hawkins. Et je voulais que l’intrigue se déroule non loin d’une rivière inquiétante, où l’on noyait les femmes condamnées pour sorcellerie, pour créer une atmosphère sombre, gothique, qui fiche la frousse.» La romancière dédie son nouveau roman «à tous les fauteurs de trouble» et l’a placé sous le haut patronage d’Emily Perry («Mieux vaut laisser sombrer certaines choses. D’autres non, mais lesquelles? Les avis divergent») et du neurologue et écrivain Oliver Sacks («Les souvenirs sont transformés, désassemblés, réassemblés et recatégorisés par chaque acte de remémorisation»).

Pas moins de onze protagonistes vont se succéder, se croiser au hasard des pages d’Au fond de l’eau. D’emblée, la lecture demande un minimum de concentration, au risque de se perdre dans les méandres et lacets de la rivière. Les premières passées, on est immanquablement happé par l’art et la manière de Paula Hawkins qui assure ne pas être la J. K. Rowling (créatrice de la saga Harry Potter) du thriller psychologique!

Bien sûr, et c’est une évidence, avec Au fond de l’eau, Paula Hawkins n’a rien inventé dans le genre du thriller – elle a des liens de parentèle littéraire avec Michael Connelly ou encore Stieg Larsson, l’auteur de la saga Millénium. Mais elle y ajoute une touche, une patte follement personnelle. Chez Hawkins, il y a une certaine atmosphère, une folle lenteur – deux touches qu’elle assume pleinement.

L’intrigue est tout aussi sobre que glaçante, les personnages sont joliment dessinés… Et puis, il y a ces trois femmes, Nel, Julia, Lena. Trois femmes en quête d’elles-mêmes. Toutes habitées, habillées par des fêlures. Inéluctablement, on s’enfonce au fond de l’eau. Oui, pourra-t-on vraiment remonter à la surface?

De notre correspondant à Paris, Serge Bressan

Au fond de l’eau, de Paula Hawkins.

Sonatine éditions.

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