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Lille, Paris ou Cannes : qui sera « LE » festival international de séries ?


Les acteurs de la série ''Veni Vidi Vici", au MipTV à Cannes, ce dimanche 2 avril. (photo AFP)

Outre le festival parisien « Séries Mania », la France accueillera deux nouveaux festivals de séries internationaux en 2018, l’un à Lille soutenu par l’Etat et l’autre à Cannes adossé au marché international MipTV, des projets ambitieux qui se feront forcément concurrence.

« Cannes lance le premier festival international des séries », est-il écrit sur l’invitation à la conférence de présentation du festival cannois, lundi au MipTV. Autour du maire de Cannes David Lisnard et de l’ex-ministre de la Culture Fleur Pellerin, qui préside l’association « Cannes Festival International des Séries », sont attendus Paul Zilk, président de Reed Midem (organisateur du MipTV) et Maxime Saada, directeur général du groupe Canal+, partenaires du projet. Un ancien cadre de TF1, Benoît Louvet, a également été recruté pour la direction générale du festival.

« Cannes Series » compte lancer sa première édition en avril 2018, et promet un rendez-vous « à la fois grand public et professionnel, glamour et populaire, (…) construit autour d’une compétition artistique internationale avec des projections, rencontres avec les artistes, auteurs et acteurs ainsi que des interactions entre création, production et diffusion au sein du marché MipTV ».

Le projet cannois a décidé de faire cavalier seul après avoir été écarté en janvier d’un appel à candidatures lancé par le le Centre national du cinéma (CNC) pour l’organisation d’un festival international de séries. Il n’avait pas été jugé suffisamment abouti et le lien avec le Mip avait déplu au jury de professionnels chargé de départager les candidatures, qui avait retenu celles de Lille et Paris. « Il n’est pas possible de partir d’un marché pour créer un festival avec une ligne éditoriale propre, la seule démarche possible est inverse », ont estimé les professionnels auditionnés, dans une note de synthèse remise au ministère.

Pas à Pas

« Nous avons toute une réflexion sur l’écosytème lié à la création de séries en France et en Europe, en lien avec la volonté de s’adosser à un marché qui existe déjà, ce qui n’est pas inutile, et en capitalisant sur les infrastructures idéales dont dispose la ville pour organiser cette manifestation », rétorque Fleur Pellerin. C’est elle qui avait initié le projet au ministère de la Culture, en commandant un rapport à Laurence Herszberg, fondatrice de Séries Mania, remis en mars 2016 à sa successeure Audrey Azoulay.

C’est le projet lillois qui a eu les faveurs des professionnels et recevra le soutien financier de l’Etat de près d’un million d’euros pour le lancement de sa première édition du 1er au 10 juin 2018. Il est imaginé par l’équipe du festival « Series Séries » de Fontainebleau. Au ministère, on explique que c’est le soutien conjoint de la maire de Lille Martine Aubry (PS) et du président de la région Xavier Bertrand (LR), qui a fait pencher la balance, quand la candidature de Paris, défendue par « Series Mania » n’avait pas le soutien de la région. S’y sont ajoutées des considérations pratiques : équipements dans un périmètre joignable à pied, position géographique proche des foyers de création que sont la Belgique et le Royaume-Uni.

Le modèle est celui du Festival de Cannes (avec qui le projet cannois est en contact). De l’aveu du ministère, « le projet lillois reste à écrire ». On estime aussi que les organisateurs de Lille ont tout intérêt à prendre contact avec l’équipe de Séries Mania, à « l’expertise inégalée ». « Un festival international ça ne se décrète pas, ça se construit. Nous avançons pas à pas depuis huit ans. Et nous montons en puissance. Séries Mania c’est déjà un festival international », estime Laurence Herszerg, dont le festival s’ouvrira le 13 avril. « On commence à récolter les fruits de cette patience. Et nous sommes les meilleurs », assure-t-elle, précisant qu’il y aurait une édition en 2018.

Le festival mise sur sa réputation pour attirer des têtes d’affiche qui ne se déplacent pas si facilement dans un secteur concurrentiel où les diffusions en exclusivité sont recherchées et où gravitent aussi des événements moins spécialisés (Fipa de Biarritz, Luchon, festival de la Rochelle…)

Le Quotidien / AFP