« Si je suis encore en vie aujourd’hui, c’est un miracle ».
Depuis une semaine, dans le quartier Leninski à Donetsk, les bombardements sont presque incessants. Les habitants retrouvent fréquemment des éclats d’obus dans leurs appartements. (Photos : AFP)
Dimanche, Lilia Semionovna est sortie de chez elle juste avant que des obus ne s’abattent sur son immeuble, rue Sportyvna à Donetsk, place forte des rebelles prorusses dans l’est de l’Ukraine.
« J’étais partie voir ma soeur qui habite à côté. Vers 08h00 du matin, des obus sont tombés sur notre maison. Mon appartement est dévasté. Si j’étais restée chez moi, je serais morte », raconte cette femme de 62 ans.
Le quartier Leninski à Donetsk est régulièrement touché par les tirs de l’artillerie ukrainienne. Dimanche, les obus sont tombés sur la rue Sportyvna, près du stade Mettalurg. Pas d’objectif militaire apparent dans les environs, si ce n’est un ancien foyer pour étudiants occupé par des séparatistes, à environ un kilomètre de là.
> Bombardements à peu près incessants
« Depuis une semaine, les bombardements sont à peu près incessants, toutes les nuits. Et là, ils ont tiré dès le matin », s’indigne Lilia, qui tient dans ses mains plusieurs éclats d’obus retrouvés dans son appartement.
Devant l’entrée de son petit immeuble de deux étages dans lequel vivent une soixantaine de personnes, les voisins se sont réunis malgré le froid pour évaluer les dégâts. La porte d’entrée de l’immeuble a été à moitié arrachée, les murs sont constellés d’impacts de projectiles et les canalisations d’eau chaude installées à l’extérieur, qui assurent le chauffage du bâtiment, ont été percées en plusieurs endroits et fuient.
« Vous avez vu les lézardes sur le mur ? Est-ce que tout ça ne risque pas de s’écrouler ? », s’inquiètent Lilia et ses voisins, des personnes âgées pour la plupart.
Dans la petite cour de l’immeuble, à côté d’un cratère d’obus, une camionnette touchée pendant les bombardements a été carbonisée.
Lilia n’envisage pas pour autant de quitter son appartement, ou ce qu’il en reste. « Je suis retraitée, mais je travaille en tant que gardienne dans l’usine d’à côté. Je ne peux pas m’en aller. Et puis, pour aller où ? Ici, c’est l’endroit où je suis née et où j’ai passé toute ma vie », affirme-t-elle.
Partir… « Pour aller où ? »
> « Je n’en peux plus »
Les bombardements de dimanche matin sont intervenus après une journée et une nuit ponctuées de tirs très réguliers d’artillerie et de lance-roquettes multiples Grad, en provenance aussi bien des positions ukrainiennes, à quelques kilomètres de là, que des forces rebelles.
« Je n’en peux plus de vivre dans ma cave. Ce matin, on n’a même pas eu le temps de s’habiller que les obus commençaient déjà à tomber », vitupère Marina, 53 ans, qui habite dans un immeuble du quartier. Lilia n’est pas la seule à pouvoir se considérer comme miraculée.
En face de son immeuble, une petite maison a été touchée par les obus tombés dimanche matin : le toit s’est écroulé, transformant le tout en un monceau de gravats. « Une vieille dame habitait là. Un coup de chance, son fils l’a évacuée hier ! Il ne voulait pas la laisser seule dans cette maison alors qu’il n’y a plus d’électricité dans le quartier après tous ces bombardements », explique Valera, un ami de la famille, montrant des poteaux électriques aux câbles arrachés.
AFP