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L’Europe teste sa capacité à faire atterrir un engin sur Mars


Illustration d'artiste diffusée sur le site web de l'Agence spatiale européenne, le 1er mars 2016, montrant le module d'entrée, de descente et d'atterrissage Schiaparelli de la sonde TGO en route pour Mars. (Photo : AFP)

Après un voyage de sept mois pour rejoindre Mars, l’atterrisseur européen Schiaparelli doit se séparer dimanche de la sonde TGO pour atterrir doucement trois jours plus tard: un défi pour l’Europe qui veut prouver qu’elle maîtrise cet exercice difficile.

Simultanément, la sonde scientifique européano-russe TGO (Trace Gas orbiter) s’insèrera en orbite autour de la planète rouge, une phase délicate. Jusqu’à présent, seuls les Américains ont réussi à poser sur Mars des engins qui sont parvenus à fonctionner.

Il y a treize ans, la sonde européenne Mars Express avait largué un mini-atterrisseur Beagle 2 qui n’a jamais donné signe de vie. Ce n’est qu’en 2015 que les images d’une sonde américaine ont permis de constater qu’il avait effectivement atterri mais que ses panneaux solaires n’étaient pas tous déployés. Le grand saut de Schiaparelli est la première étape d’ExoMars, une ambitieuse mission scientifique européano-russe en deux volets, qui vise à rechercher des indices d’une vie actuelle et passée sur Mars.

La sonde TGO sera chargée de «renifler» l’atmosphère martienne pour détecter des gaz à l’état de traces comme le méthane qui pourrait indiquer la présence d’une forme de vie actuelle sur la planète. Elle se mettra au travail début 2018. En 2020, l’Europe et la Russie enverront sur Mars un gros rover qui bénéficiera des développements technologiques de Schiaparelli. Il effectuera des forages pour tenter de retrouver des traces d’une vie bactérienne passée.

L’atterrissage sur Mars n’est pas chose aisée et la descente de Schiaparelli pourrait être compliquée par la météo si survenait une tempête martienne. «Nous savions que nous allions arriver pendant la saison des tempêtes de poussières et cela nous a amenés à faire un design plus robuste pour Schiaparelli», relève Thierry Blancquaert, responsable de l’atterrisseur à l’ESA, l’agence spatiale européenne.

Des capteurs pour comprendre

TGO et Schiaparelli, nommé en honneur de l’astronome italien du XIXè siècle, ont parcouru près de 500 millions de kilomètres depuis leur lancement en mars par une fusée russe Proton depuis Baïkonour (Kazakhstan). Depuis juillet, le duo se trouve sur une trajectoire de rencontre avec Mars. Dimanche à 14h42 heure locale, la sonde larguera l’atterrisseur «démonstrateur de technologie» qui entamera une longue descente, surveillée depuis le centre de contrôle de l’ESA à Darmstadt (Allemagne).

Schiaparelli, qui a une masse de 577 kilos au départ, est une capsule de 2m40 de diamètre qui ressemble un peu à «une piscine gonflable pour bébé», selon Michel Denis, directeur des opérations en vol d’ExoMars 2016. «La partie inférieure du module est protégée par une structure écrasable en aluminium, en nid d’abeilles, destinée à amortir le choc final», souligne Thierry Blancquaert.

La descente durera trois jours. Mercredi, à 14h42 heure locale, Schiaparelli sera à 120 km de la surface et il entrera dans l’atmosphère martienne, à une vitesse de 21.000 km/heure. Un bouclier thermique le protègera de l’important échauffement né du contact avec l’atmosphère et le ralentira. A 11 km de la surface, la vitesse du module sera descendue à 1.650 km/heure. Un parachute s’ouvrira alors pour le ralentir davantage. Enfin neuf rétrofusées seront allumées à environ 1 km de la surface pour diminuer encore l’allure. Puis les moteurs seront coupés à 1 ou 2 mètres du sol.

L’impact final, à 10 km/heure, sera amorti par la structure écrasable du module. Les capteurs de Schiaparelli seront entrés en action un peu plus d’une heure avant le choc pour enregistrer toute une série de données. «Si quelque chose devait mal se passer, cela permettrait de voir quel mécanisme a mal fonctionné», souligne Michel Denis. Schiaparelli doit se poser sur la plaine équatoriale de Meridiani Planum, sur laquelle a déjà atterri en 2004 le rover américain Opportunity.

Le module est équipé d’une petite station météo qui mesurera la pression, la température, la vitesse du vent mais aussi les champs électriques à la surface de Mars. Mais la vie de Schiaparelli sera de courte durée: deux à huit jours environ car il est seulement équipé d’une batterie non rechargeable.

Le Quotidien/afp