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Lettre de Cannes, épisode 7 : Marion Cotillard, conscience professionnelle


Marion Cotillard s’est présentée ce dimanche matin à la presse avec un air aussi fébrile qu’un petit oiseau tombé du nid. (photo Thibaut Demeyer)

L’actrice Marion Cotillard a présenté ce dimanche matin le film « Mal de pierres », de Nicole Garcia, au Festival de Cannes.

La première semaine du Festival se termine et la fatigue commence à faire son apparition. On comprend que, rester 7 à 8 heures par jour dans l’obscurité à visionner des films, le corps finit par perdre ses repères et à confondre le jour et la nuit. Un « reset » serait le bienvenu.

Mais cette année, les évènements se suivent à un rythme effréné et pas question de rater les films de la compétition qui sont, du moins sur papier, aussi alléchants les uns que les autres comme « Mal de pierres » qui signe le retour de la réalisatrice Nicole Garcia sur la Croisette et en compétition après son très décevant « Selon Charlie » en 2006.

Adapté du roman de Milan Angus, « Mal de pierres » est une histoire d’amour qui se déroule dans la France des années 50 et qui se termine sur une forme de thriller. Une fin surprenante  qui, il faut bien l’avouer, apporte tout l’intérêt du film servi par d’excellents acteurs comme Louis Garrel, Alex Brendemühl et surtout Marion Cotillard qui a retenu toute notre attention.

Habituée de la Croisette, Marion Cotillard alias Gabrielle dans l’œuvre de Nicole Garcia, foulera cette année encore, deux fois le tapis rouge car nous la retrouverons au générique du film du canadien Xavier Dolan « Juste la Fin du Monde ».

Dès lors, une seconde chance pour l’actrice française d’espérer décrocher le Prix d’interprétation, elle qui a déjà obtenu les prix aussi prestigieux que les César, le Golden Globe et l’Oscar de la meilleure actrice. La Palme d’or de la meilleure comédienne viendrait alors compléter son armoire à trophées. Mais nous n’en sommes pas encore là, il reste encore une semaine avant la soirée du Palmarès.

Oiseau tombé du nid

En attendant, Marion Cotillard s’est présentée ce dimanche matin à la presse avec un air aussi fébrile qu’un petit oiseau tombé du nid. Malgré un visage crispé et un regard absent, elle reste professionnelle, n’hésitant pas à esquisser un sourire lorsqu’un objectif est braqué sur elle, ou à aller à la rencontre des festivaliers souhaitant une dédicace ou un selfie.

Entre le moment où Nicole Garcia lui a proposé de jouer le rôle de Gabrielle et l’accord de la star, une année s’est écoulée : «Je terminais un tournage et j’avais besoin de prendre un peu de temps» précise-t-elle. «J’avoue que quand j’ai commencé à lire le scénario, j’espérais au fond de moi que je n’allais pas aimer mais en même temps, je ne voulais pas dire non à Nicole. Au bout de trois pages, j’ai compris que j’allais accepter ce rôle mais cela m’a encore pris deux mois avant de donner ma réponse définitive.»

« J’aime comprendre mon personnage »

De prime abord, on pourrait croire que Marion est une actrice difficile, exigeante voire même capricieuse. Mais il n’en est rien. « Lorsque j’accepte un rôle, le même processus commence et ce, malgré moi, comme quand on tombe amoureux. On pense continuellement à cette personne même si on essaie de se raisonner. Dans ce cas, je commence à penser au personnage. J’ai donc besoin de repos et de prendre des distances après chaque rôle » nous a-t-elle confié.

Cette façon de travailler est la première étape de son travail. La seconde consiste à un besoin d’obtenir plus d’éléments sur son personnage : «J’aime comprendre mon personnage, connaître son enfance et si je n’ai pas d’infos à ce sujet, je l’invente. J’ai besoin de savoir ce dont il a besoin pour exister, ses goûts musicaux par exemple.»

Toutefois, si Marion vit ses personnages à fond, elle sait faire la part des choses : « Je ne fais jamais de lien avec ma vie privée ni avec mon enfance. J’ai eu la chance d’avoir des parents qui m’ont laissé déployer mes ailes et même si aujourd’hui encore j’ai du travail à faire, je me sens libre. »

À Cannes, Thibaut Demeyer