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Lettre de Cannes, épisode 6 : appareils reflex vs smartphones


Conférence de presse de Steven Spielberg : les téléphones portables font la loi. (photo Thibault Demeyer)

Chaque année, le Festival de Cannes est confronté à de nouvelles technologies.

Du télex à envoyer via le bureau de poste au fax ; de la machine à écrire classique à la machine à écrire électrique qui était mise à disposition de la presse ; de l’ordinateur qui a remplacé les machines à écrire aux ordinateurs portables permettant au Festival de ne plus se soucier de mettre le matériel à la disposition de la presse ; du téléphone cabine aux GSM dont le rôle était limité aux appels et réceptions téléphoniques et pour les modèles haut de gamme, l’envoi de SMS ; des caméras vidéos qui devenaient de plus en plus compactes d’année en année ; des appareils photos argentiques aux appareils photos digitaux qui ne laissent plus aucun répit aux stars car le photographe n’a plus besoin de recharger l’appareil…

A chaque fois, le Festival de Cannes s’est adapté et parfois même, était en avance sur son temps, proposant aux journalistes de tester de nouvelles technologies.

La mode des journalistes et des festivaliers a également changé. Tenez par exemple, il n’y a pas plus de trois ans, certains auraient tué père et mère pour obtenir l’autographe de sa star préférée. Les autographes avaient la cote. Aujourd’hui, le cours de ceux-ci est en baisse, le selfie les a supplantés. Pratique ridicule selon Thierry Frémaux, le délégué général du Festival, et il a bien raison. On n’a jamais été autant star de soi-même.

Mais chose curieuse, les vraies stars semblent être coutumières de cette pratique et elles s’y prêtent bien volontiers. On a même l’impression qu’ils acceptent plus facilement de se coller auprès d’un inconnu pour se retrouver dans la petite boîte plutôt que de faire une sorte de graffiti sur un morceau de papier adressé à une personne qu’il ne voit même pas vu le nombre de quémandeurs.

Tout évolue et pas toujours en bien. Les tablettes ont envahi il y a quelques années le Palais des Festivals et plus particulièrement la salle de conférence de presse où nous sommes tous serrés comme des sardines. Mais rassurez-vous, tout baigne sauf que ces détenteurs de tablettes se croient seuls au monde en la portant à bout de bras pour faire des photos. Et tant pis si les personnes assissent derrière ne voient plus rien. Après tout, ils n’avaient qu’à être devant !

Puis la tablette a été remplacée par les téléphones portables prénommés pour les uns Smartphone, pour les autres I Phone. Quel que soit leur petit nom, il faut bien avouer que ces nouveaux jouets pourrissent encore plus la vie des amoureux de vrais appareils photos reflex. Dès lors ces nouveaux photographes du dimanche, non seulement se moquent de la qualité de leurs clichés mais en plus, nous offrent un paysage peu agréable car qui a envie de voir Julia Roberts, George Clooney ou Steven Spielberg par le biais d’un écran alors qu’ils se trouvent en vrai à quelques mètres de nous ? Décidément, tout se perd… même à Cannes.

À Cannes, Thibaut Demeyer