L’Etna, le plus haut volcan d’Europe situé en Sicile, glisse très lentement vers la Méditerranée, à un rythme constant de 14 millimètres par an, selon une étude publiée fin mars dans la revue Bulletin of Volcanology.
Les chercheurs de l’Open University au Royaume-Uni et du Laboratoire Magmas et Volcans de l’Observatoire de Physique du Globe de Clermont-Ferrand ont réalisé plusieurs séries de mesures à l’aide de nombreux GPS placés tout autour du volcan entre 2001 à 2012. « L’activité de l’Etna alterne des épisodes de gonflements, lors d’éruptions, puis de dégonflements. Le vrai mouvement du volcan est donc caché. On a donc enregistré son mouvement lorsqu’il redevenait calme, ce qui n’était pas chose facile vu que l’Etna est un enfant terrible » du volcanisme, raconte Benjamin Van Wyk de Bries, l’un des coauteurs et professeur à l’Université Clermont Auvergne.
Le mont Etna, qui culmine à 3 300 mètres, est le plus important volcan en activité en Europe, avec des éruptions fréquentes, connues depuis au moins 2 700 ans. « On a pu mettre en évidence que tout le volcan se déplace, ‘marche’ à une vitesse de 14 millimètres par an, vers la Méditerranée. On soupçonnait ce mouvement pour de nombreux volcans mais c’est la première fois que l’on a pu l’observer directement », résume le vulcanologue.
Il pourrait « tomber » dans la mer
Glissant sur un socle de sédiments composés principalement d’argiles et de calcaire, sur une pente inclinée de « 1 à 3 degrés », le mouvement de l’Etna est « inéluctable », selon les chercheurs. Ces « 14 millimètres peuvent sembler insignifiants, pourtant des études antérieures sur des volcans éteints depuis longtemps ont démontré que ceux qui glissaient vers le bas de la même manière ont entraîné des glissements de terrain catastrophiques plus tard dans leur histoire », explique dans un communiqué John B. Murray, l’un des principaux auteurs de l’étude, qui a accumulé pendant plus de 20 ans une large base de données sur le volcan sicilien.
Si le danger n’est pas immédiat pour les habitants de l’île, « il y une probabilité que l’Etna tombe un jour dans la Méditerranée, dans des centaines voire des milliers d’années. Ce sera alors l’évènement du siècle car cet effondrement provoquera des tsunamis dévastateurs pour les côtes environnantes », prédit Benjamin Van Wyk de Bries. « Chaque siècle, on a environ quatre importantes éruptions volcaniques marquées par de graves effondrements liés à ce type de mouvement, comme lors de l’éruption du Mont Saint-Helens aux États-Unis en 1980 ou celle du Mont Bandai au Japon en 1888. Ce sont donc de nouveaux éléments que l’on va pouvoir prendre en compte dans nos prédictions des éruptions et prioriser les volcans à risques de la planète », souligne encore le chercheur clermontois.
Le Quotidien/AFP