Un prêtre d’Argancy qui se la joue Call of Duty , un Nancéien qui dépasse les 2 millions d’abonnés en commentant des jeux ou un trio d’intellos de Strasbourg experts vulgarisateurs : tout l’Est de la France a rendez-vous sur YouTube.
Selon Warhol, dans les années 70, chacun pouvait avoir ses 15 minutes de célébrité grâce aux nouveaux médias de masse (la télé à l’époque). Avec YouTube, anonymes, politiques (Mélenchon, Fillon…), blogueurs, fashionista, cuisiniers, dépanneurs… ont le monde à portée de clic et d’écran.
Et le monde le leur rend bien. Dans l’Est, la palme du succès public va sans doute au Nancéien Le Bled’Art, expert renommé en commentaires de jeux vidéo, dont GTA 5 (lire ci-dessous), et ses 2 180 405 abonnés !
Utiles, futiles, fun ou addictives, les chaînes des Youtubeurs de l’Est ont trouvé leur place à grands coups de « si tu aimes, abonne-toi ! », le gimmick des Google fans de cette nouvelle télé à la carte et à toute heure.
Conseils girly
À Metz, une jeune professeur des écoles de 25 ans, qui a fait sa première rentrée en septembre 2016, est devenue, en un peu plus d’un an, une Enjoy Phœnix (la star française des conseils girly), très à la mode en Lorraine. Ses tutoriels maquillage et conseils shopping sont suivis par près de 170 000 jeunes filles et jeunes femmes (1) !
« Je regardais beaucoup de chaînes et puis je m’y suis mise moi-même. Une vidéo nécessite une quinzaine d’heures de travail. Maintenant, je le fais le week-end », raconte celle que ses fans reconnaissent parfois dans la rue.
Elle soigne le son, la qualité de l’image et sa présentation. « C’est important pour moi. Le fond et la forme des vidéos sont liés », explique la jolie demoiselle au look d’étudiante.
Norman en soutane
Autre registre, pour le père Dominique Savio. Avec ses faux airs de Dany Boon, le prêtre d’Argancy, près de Metz, a fait une irruption remarquée sur la planète YouTube début 2016. Loufoque, sa série est la chronique de la vie de son avatar sur YouTube (theworldofdany, Jésus first in my life).
Un Dany qui se transforme en Superman quand il a oublié la messe en jouant au foot ou lorsqu’il défouraille, en rêve, gros calibre à la main, façon Call of Duty.
Cet été, les enfants du village dont il s’occupe en cours de religion lui ont même demandé de jouer dans ses vidéos. « En juillet, on a tourné deux jours et ça a donné une vidéo sur la rentrée », décrit le Normand en soutane, qui assure n’avoir « jamais eu de problème avec [son] évêque ».
« J’ai eu quelques critiques de chrétiens ronchons qui m’accusaient de faire passer des idées conservatrices avec une forme moderne. Or, c’est faux. Moi, le principe est le suivant : on est chrétien, certes, mais pourquoi on ne pourrait pas être joyeux et dans l’autodérision », analyse Dominique Savio.
Il apprécie lui-même les petites vidéos courtes sur le Net et « aime bien [se] marrer comme prêtre et comme homme ».
Cela faisait une dizaine d’années que l’idée lui trottait dans la tête. « Le réalisateur des vidéos, Davy Klein, est venu frapper à ma porte un jour, à la recherche d’une cave pour un tournage. » Voilà comment est né le petit monde du père Dominique « Dany » Savio sur YouTube.
Alain Morvan (Le Républicain lorrain)