Effets secondaires nombreux, plaintes de malades par centaines, enquête confiée à des magistrats marseillais, perquisitions et retour de l’ancienne formule : le point sur les principales étapes de l’affaire du Levothyrox.
Ce médicament est administré à trois millions de patients en France, pour soigner les troubles de la thyroïde, glande à la base du cou qui sécrète des hormones ayant un rôle de stimulation du métabolisme.
Mars 2017: nouvelle formule
Réclamée en 2012 par l’Agence du médicament (ANSM), une nouvelle formule de ce médicament fabriqué par le laboratoire Merck Serono, filiale du groupe allemand Merck, est mise sur le marché fin mars 2017.
Le but de la nouvelle formule – qui utilise le même principe actif, la lévothyroxine, mais avec de nouveaux excipients – est de rendre plus stable sa concentration, élément crucial pour son efficacité.
Début septembre: pétition, plaintes
Crampes, maux de tête, vertiges ou perte de cheveux: rapidement, des patients se plaignent d’effets secondaires liés, selon eux, à la nouvelle formule du médicament.
Une pétition pour réclamer le retour de l’ancienne formule rassemble plus de 170.000 signatures début septembre. La justice enregistre les premières plaintes de patients.
6/8 septembre: lettre et rassemblement
La comédienne Anny Duperey adresse le 6 septembre une lettre ouverte à la ministre de la Santé Agnès Buzyn, pour dénoncer ces effets secondaires. Quelques dizaines de patients se rassemblent le 8 septembre devant l’Assemblée nationale pour réclamer le retour de l’ancienne formule.
11 septembre: 9.000 signalements
Le 11 septembre, la ministre de la Santé reconnaît un problème d’information sur ce médicament et fait état de 9.000 cas signalés d’effets indésirables.
« Il n’y a pas de fraude, il n’y a pas de complot, il n’y a pas d’erreur. Il y a eu un problème d’information des malades, les patients ont été surpris par une formulation qui avait changé et qui pour certains donnait des effets secondaires », déclare Agnès Buzyn.
15 septembre: justice saisie
Alors que les plaintes de patients se multiplient – une cinquantaine déposées à Paris à la mi-septembre – Mme Buzyn annonce le 15 septembre que l’ancienne formule du Levothyrox sera à nouveau bientôt disponible pour ceux qui la réclament.
Le même jour, la justice annonce se saisir du dossier: une enquête préliminaire est confiée au pôle de santé publique du tribunal de grande instance de Marseille, dont la compétence s’étend jusqu’à Lyon, siège français de Merck.
2 octobre: retour au compte-goutte
L’ancienne formule du Levothyrox fait son retour dans les pharmacies le 2 octobre, mais au compte-gouttes. Le nombre de boîtes est limité et les conditions de délivrance sont strictes. Disponible sous le nom d’Euthyrox, l’ancienne formule est prescrite uniquement aux patients « qui n’ont pas d’alternative ».
3 octobre: perquisition
A Lyon, le siège français de Merck est l’objet d’une perquisition sous la supervision de deux magistrats du parquet de Marseille. Documents et boîtes de Levothyrox sont saisis.
11 octobre: « déséquilibre »
Les effets indésirables sont dus à « un déséquilibre thyroïdien » causé par le changement de traitement et non à la nouvelle formule, assure l’ANSM, qui se base sur les premiers résultats de son enquête sanitaire.
« Tous les effets indésirables témoignent d’un déséquilibre thyroïdien en lien avec le changement de traitement; aucun effet indésirable d’un type nouveau, qui serait spécifique de la seule nouvelle formule, n’a été retrouvé », selon l’ANSM.
17 octobre: 365 plaintes
Alors que le siège de l’ANSM à Saint-Denis (Seine-Saint-Denis) est à son tour perquisitionné, le procureur de Marseille Xavier Tarabeux indique que 365 plaintes ont été déposées à ce jour par des utilisateurs du Levothyrox nouvelle formule.
Le Quotidien / AFP