Ne rien composer de trop « évident » ou trop proche des premiers disques… Chez alt-J, inclassable trio britannique de retour vendredi avec son troisième album, c’est moins le style musical qui prime que le plaisir de continuer à brouiller les pistes. Le groupe sera en concert le 13 juillet à l’abbaye de Neumünster.
« On est toujours en train de s’interroger… Ne faisons pas ça, c’est trop évident, ou ça sonne trop comme quelque chose qu’on a déjà fait. Nous tirons une partie de notre fierté de l’originalité! », explique le claviériste moustachu Gus Unger-Hamilton, de passage à Paris pour présenter ce nouveau disque, « Relaxer ».
Le groupe originaire de Leeds (Grande-Bretagne), doté d’un nom improbable (alt-J est le raccourci clavier pour faire un triangle sur Mac), s’est fait connaître en 2012 avec un premier album sacré du prestigieux Mercury Prize, qui récompense le meilleur album britannique de l’année. Ou le mariage réussi de l’évidence de mélodies pop accrocheuses et la complexité de chansons volontiers déstructurées.
La première tournée à peine bouclée, le groupe avait enchaîné deux ans après avec « This Is All Yours », deuxième disque moins dansant, plus éparpillé, avec lequel il a assis son succès en Europe mais aussi aux Etats-Unis. Il avait ensuite accumulé concerts et kilomètres (133 concerts et près de… 190.000 km parcourus pour la seule année 2015, selon un blog spécialisé songkick).
« Pas mal, non? », sourit Gus Unger-Hamilton au sujet de cette tournée qui a permis à alt-J, estime-t-il, de « gagner en confiance ». « On a trouvé notre identité en tant que groupe de scène », confirme à ses côtés le chanteur et guitariste Joe Newman. « A nos débuts, on se cachait un peu derrière nos disques, c’est sur quoi nous voulions être jugés. »
20 guitaristes classiques
Après ce marathon scénique, le trio a ressenti le besoin d’un premier vrai « break » fin 2015: l’un a ouvert un restaurant, l’autre a sorti un album solo, le troisième a regardé « beaucoup de films ». Mais l’envie est finalement vite revenue de se retrouver autour de quelques idées et sons neufs, et de leurs obsessions habituelles propres à l’univers pop-rock: amour, sexe, mort…
Une volonté aussi de faire plus concis (avec huit morceaux seulement) pour faire un album « plus palpable, dont on peut davantage sentir la forme… »
Avec quelques ballades, comme l’énigmatique « Adeline » où il est question d’un « diable de Tasmanie qui tombe amoureux d’une femme en train de nager », et des morceaux plus rugueux comme « Cold Blood » ou « Hit Me Like That Snare », les Britanniques continuent à se frotter à tous les styles. Mais aussi à toutes les époques avec une « fausse » reprise de « House of the Rising Sun », ce standard du folk américain qui pourrait être inspiré d’une ballade traditionnelle.
Après Woody Guthrie, Bob Dylan ou The Animals, alt-J en propose sa relecture, changeant au passage la musique mais aussi la quasi-totalité du texte, dont ne subsistent quasiment que le premier couplet original et son célèbre début: « There is a house in New Orleans ».
« C’est presque un piège cette première ligne, car en fait c’est quasiment une nouvelle chanson », s’amusent Gus et Joe. Confiée aux soins de… vingt guitaristes classiques, cette nouvelle version épurée et lente s’avère à mille lieues du classique popularisé par The Animals en 1964. Une façon pour alt-J de continuer à faire vivre cette « chanson passée de l’un à l’autre » depuis des décennies.
Porchainement en concert en France (Rouen le 10 juin, Nuits de Fourvière à Lyon le 4 juillet, Festival Lollapalooza à Paris le 23 juillet), en Belgique (Courtrai le 11 juin, Werchter le 2 juillet), en Suisse (Montreux le 30 juin) et au Luxembourg (13 juillet).
Le Quotidien / AFP
Alt-J en concert à l’abbaye de Neumünster le 13 juillet. Infos et billets sur le site de l’Atelier.