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Les groupes britanniques freinent l’évolution des femmes à coup d’excuses « pitoyables »


Très peu de femmes accèdent à de hautes fonctions et les commentaires sexistes sont encore monnaie courante pour "justifier" ce fait. (illustration AFP)

Les arguments des grands groupes britanniques pour justifier l’absence de femmes aux postes de direction sont « pitoyables et condescendants », pointe un rapport publié jeudi au Royaume-Uni sous la houlette du gouvernement.

« Je ne pense pas que ce soit un poste qui leur convienne », « la plupart ne veulent pas des tracas ou de la pression d’un conseil d’administration », « les problèmes traités sont extrêmement complexes » : autant d’exemples d’excuses avancées par certains dirigeants et révélées par ce rapport qui a passé en revue les 350 plus grandes entreprises cotées à Londres.

Certes des progrès sont en cours puisqu’en 2017 seules dix entreprises parmi le FTSE-350 n’avaient aucune femme dans leur conseil d’administration, contre 152 en 2011. Mais au total très peu de femmes y accèdent et les commentaires sexistes sont encore monnaie courante, montre ce rapport réalisé par un comité indépendant à la demande du gouvernement. Ce comité, lancé en 2016, a pour objectif de pousser les grands groupes à avoir au moins un tiers de femmes aux plus hautes fonctions d’ici 2020. Un rapport d’étape doit être publié le 27 juin.

Retour un siècle en arrière

« Il est choquant que des entreprises pensent que ces excuses pitoyables et condescendantes soient des raisons acceptables pour maintenir les femmes à l’écart des postes à responsabilité », a commenté le secrétaire d’État aux entreprises Andrew Griffiths. « Il n’est pas plus encourageant de voir des responsables qui s’engagent à soutenir les femmes mais font peu pour les nommer aux plus hautes fonctions, ou bloquent leur progression », a-t-il ajouté.

Amanda Mackenzie, directrice générale de l’ONG Business in the Community, qui milite pour un monde de l’entreprise plus responsable, a estimé que la liste des excuses données faisait « penser que nous sommes en 1918 et pas en 2018 ». Elle voit toutefois « de nombreuses raisons d’être optimistes », notamment avec l’obligation faite aux entreprises de publier les écarts salariaux entre homme et femme ou encore l’accent mis de plus en plus sur l’égalité et la diversité.

Les premiers chiffres dévoilés en avril montrent que près de huit grandes entreprises sur dix au Royaume-Uni admettaient payer davantage les hommes que les femmes. Les groupes expliquent le plus souvent ce déséquilibre par le fait que les hommes sont plus nombreux que les femmes à occuper des postes à responsabilité et donc à avoir une meilleure rémunération.

Le Quotidien/AFP