Les festivals de musique se portent remarquablement bien et ont de beaux jours devant eux, un paradoxe dans une industrie qui vit depuis dix ans des heures difficiles face à la déferlante du téléchargement illégal.
Ces dernières années, les festivals se sont multipliés par régions ou type de musique, et sont devenus un élément de ressources essentiel pour les artistes. C’est le cas de Coachella, considéré comme précurseur en termes d’événements musicaux aux Etats-Unis, et dont l’édition 2015 s’ouvre vendredi dans le désert californien, au début d’une saison chargée.
« Je pense que les festivals de musique sont l’avenir de cette industrie. C’est le seul domaine où l’on voit beaucoup de croissance » et « où il y a vraiment de l’argent à gagner pour les artistes », estime Parag Bhandari, patron de UG Strategies, qui a récemment lancé la chaîne de télévision numérique Uphoric dédiée à la couverture des festivals dans le monde. Rock in Rio USA, qui fait partie des derniers venus, prendra place sur deux week-ends en mai dans la toute nouvelle « cité du rock » de 13 hectares, en plein milieu du « strip » de Las Vegas.
Version américaine d’un des principaux festivals brésiliens, Rock in Rio USA se focalise sur les grands noms dans deux catégories : le hard rock façon Metallica ou la pop avec des têtes d’affiche comme Taylor Swift. Coachella et deux autres festivals vétérans aux Etats-Unis, Bonnaroo dans le Tennessee (sud) et Lollapalooza à Chicago (nord), sont eux issus de la scène alternative et sont nés dans les années 1990. Ils se veulent des découvreurs de futurs stars.
Parmi les nouveaux rendez-vous, on trouve Festival of the Desert, dédié à la musique classique avec à sa tête le directeur musical de l’Opéra de Paris, Philippe Jordan, Les Eaux Claires dans le Wisconsin, consacré à l’innovation musicale et dont le chanteur de Bon Iver Justin Vernon, assure la sélection, ainsi que plusieurs nouveaux rendez-vous de musique country.
D’autres festivals tentent de se différencier non par leur affiche mais par d’autres attractions, comme Outside Lands, à San Francisco, qui veut attirer les mélomanes et les gourmets avec sa sélection de vendeurs de nourriture et de boissons. Si la plus grosse partie de la croissance a été observée aux Etats-Unis, de nouveaux festivals ne cessent d’éclore ailleurs et notamment en Europe, où Glastonbury en Angleterre est considéré comme l’un des pionniers des festivals de musique modernes.
Lollapalooza cette année se développe avec une version berlinoise, après avoir déjà essaimé en Argentine, au Brésil et au Chili.
Vendre une expérience
Cependant, tous les festivals ne connaissent pas le succès. Kanrocksas à Kansas City a mis la clé sous la porte en raison de piètres ventes de billet et Lollapalooza a annulé un projet d’expansion en Israël. Mais les observateurs s’attendent à ce que la recherche de nouvelles niches et territoires se poursuive.
Eventbrite, société de San Francisco, a géré des ventes de billets pour 50 000 festivals de musique ou autre dans le monde l’an dernier, soit 50% de hausse sur un an. « Nous ne voyons pas de signe de ralentissement à l’horizon », a souligné Martina Wang, directrice du marketing musical. Les jeunes générations sont la cible principale pour ce genre d’événements. « Quand on regarde ce que fait la génération Y avec son argent, on voit qu’elle préfère acheter des expériences plutôt que des choses », poursuit Martina Wang.
Les festivals sont aussi une quasi garantie de revenus pour les musiciens à l’âge où peu espèrent gagner de l’argent en sortant un disque, en raison du raz-de-marée des téléchargement illégaux ou des sites de « streaming ». Coachella a engrangé 78 millions de dollars l’an dernier. Il a accueilli quelque 175 000 personnes, tout comme Glastonbury. Par comparaison, seules 75 000 personnes ont assisté à la finale de la Coupe du monde de football l’an dernier au Brésil.
AFP