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Les deux étapes lorraines de David Bowie


David Bowie, d’une beauté inouïe, immortalisé sur la scène du Galaxie en 2003 . (Photo archives RL/Maury Golini)

David Bowie a donné deux concerts en Lorraine. En 1996 et en 2003, à chaque fois au Galaxie d’Amnéville. Si le premier n’a pas laissé un souvenir impérissable, le second aura marqué au fer rouge tous ceux qui y étaient.

Hormis à Paris, peu de salles en France peuvent se vanter d’avoir eu la chance d’accueillir David Bowie entre leurs murs. C’est pourtant le cas du Galaxie d’Amnéville qui, par deux fois, en 1996 et 2003, a offert ses planches à l’icône britannique, surnommée le Thin White Duke (le fin dandy blanc). Directrice du complexe amnévillois, Carole Revel en a encore les yeux qui pétillent. Elle refusera pourtant de le rencontrer. « En fait, je n’ai même pas essayé de le voir, alors que j’aurais très bien pu. Hors contexte, j’aurais adoré, mais là, j’étais juste la directrice de la salle et c’était lui la vedette », se défend celle qui se dit fan mais pas groupie.

Le premier concert a lieu le 16 février 1996 et la tournée arrive à point nommé pour assurer la promotion du disque Earthling, sorti la même année. Le souci, c’est que cet album est loin de compter parmi les meilleurs de l’artiste. Loin, très loin en tout cas de Ziggy Stardust, Low ou Station to Station. Le public n’adhère pas franchement et seuls 6 000 fans viendront communier avec la star, qui arbore en ce temps-là une atroce coupe en brosse orangée et une plume en guise de boucle d’oreille. Seul intérêt de ce spectacle où il ne reprendra presque aucun de ses succès antérieurs, sa redingote aux couleurs de l’Union Jack griffée par Alexander McQueen, futur joyau de l’exposition monumentale que lui a consacrée l’année dernière la Philharmonie de Paris.

bowie

Le second concert a eu lieu le samedi 8 novembre 2003, à l’occasion de la tournée Reality. Cette fois, 11 000 fans viendront lui réserver un accueil triomphal. Un concert que Carole Revel classe dans le top 3 des shows auxquels elle a assisté au Galaxie. Après une entrée en scène virtuelle toute en images de synthèse, Bowie était enfin apparu, blond et beau comme un dieu, ouvrant le concert par une version énergique de Rebel Rebel, millésimée 1973.

Tour à tour facétieux et aguicheur, esquissant un pas de danse ou une pantomime, s’essayant à quelques mots de français, le chanteur avait enthousiasmé le public par sa bonne humeur. Mais aussi et surtout par sa voix, d’une extraordinaire chaleur, et une musique toute en puissance, aidé il est vrai par un groupe composé de « redoutables » pointures.

Tombant très vite la veste en jean, il avait alterné les titres emblématiques de la décennie décadente : Fame, coécrit avec un certain John Lennon, Changes, The man who sold the world (non, ce n’est pas une chanson de Nirvana !) ou un rageur China girl, très proche de la version d’Iggy Pop. En rappel, Bowie laissera, comme ce fut de règle sur cette tournée mondiale – malheureusement la dernière – la conclusion à son alter ego Ziggy Stardust, ressuscité pour trois morceaux légendaires.

Ce soir-là, devant cet incroyable Dorian Gray du rock, on s’était dit que Bowie ne pouvait qu’être immortel.

Olivier Menu (Le Républicain Lorrain)

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