«On sait jamais, sur un malentendu ça peut marcher», «Je sens que ce soir je vais conclure»… Ces répliques célèbres sont entrées dans la culture populaire en France, tout comme la chanson de Jean-Claude Dusse sur son télésiège : «Quand te reverrai-je, pays merveilleux…». Pourtant, rien ne laissait présager au départ que ce film allait devenir un classique.
Après Les Bronzés, parodie des clubs de vacances sortie en novembre 1978 – qui fait 2,3 millions d’entrées, un bon résultat, mais pas un record pour l’époque –, c’est le producteur Yves Rousset-Rouard, oncle de Christian Clavier, qui persuade la troupe du Splendid et Patrice Leconte d’écrire un deuxième film dans la foulée. «Nous, on n’était pas sûrs, puis on s’est laissé convaincre», raconte Patrice Leconte.
Les membres de la troupe du Splendid, qui sévit au café-théâtre – Christian Clavier, Michel Blanc, Gérard Jugnot, Thierry Lhermitte, Josiane Balasko et Marie-Anne Chazel – se retrouvent dès la fin 1978 à Val d’Isère pour préparer la suite.
Désireux de partir sur un humour noir, ils imaginent au départ un film inspiré du drame du vol 571 de la Fuerza Aérea Uruguaya qui s’était écrasé dans la cordillère des Andes en 1972, et dont les survivants avaient dû manger les corps des morts.
«Évidemment, Yves Rousset-Rouard était contre, il a dit : « On ne fait pas une comédie avec ça »», se souvient Patrice Leconte. Alors que le producteur peine à boucler son financement, les membres du Splendid partent finalement sur une histoire plus classique de vacances à la neige, en reprenant leurs personnages du premier opus.
Parmi eux, le célibataire maladroit Jean-Claude Dusse (Michel Blanc), le dragueur invétéré Popeye (Thierry Lhermitte), le couple Bernard et Nathalie, devenus des nouveaux riches (Gérard Jugnot et Josiane Balasko), le médecin Jérôme et sa femme Gigi, qui tient une crêperie (Christian Clavier et Marie-Anne Chazel), ou encore Christiane l’esthéticienne (Dominique Lavanant).
Le tournage s’accompagnera de quelques difficultés, liées notamment à la météo, mais aussi de franches tranches de rigolade. C’est le cas par exemple lors de la scène chez des montagnards qui leur offrent de la «fougne», fabriquée avec des restes de fromages et de la liqueur d’échalote, se rappelle Patrice Leconte. «Ça a été très dur de tourner parce qu’on avait trop envie de rire.»
À sa sortie, le film marchera sans déchaîner les foules, faisant moins d’entrée que le premier volet (1,6 million). Mais il s’imposera au fil du temps et de ses nombreuses rediffusions à la télévision – 17 à ce jour, précise Patrice Leconte – comme l’un des incontournables de la comédie française, «propulsant avec un petit turbo», dit-il, sa carrière et celle des acteurs.
«Ce sont les rediffusions qui ont permis aux gens de découvrir le Splendid», explique Alexandre Raveleau, auteur du livre Les Bronzés, la véritable histoire. «Le culte des Bronzés, c’est d’abord le fait que ce soit une troupe du café-théâtre, donc une autre lecture de la comédie à cette époque-là», analyse-t-il. «C’est aussi un film qui ne vieillit pas», ajoute l’auteur, estimant que «des films du Splendid, c’est sans doute le plus familial».
«C’est toujours la même chose d’aller à la neige, donc de génération en génération, on rigole toujours des mêmes choses.» «Quand on a fait ces deux premiers Bronzés, on était heureux de les faire», se souvient, pour conclure, Patrice Leconte. «Mais on ne pouvait pas penser qu’on en parlerait comme ça 40 ans plus tard», poursuit-il. «Ces films-là nous échappent complètement.»
LQ/AFP
Les répliques cultes
– « Écoute Bernard, je crois que toi et moi on a un peu le même problème, c’est-à-dire qu’on ne peut pas vraiment tout miser sur notre physique, surtout toi. Alors si je peux me permettre de te donner un conseil, c’est: oublie que tu n’as aucune chance, vas-y, fonce! On sait jamais, sur un malentendu ça peut marcher. »
– « Monsieur Dusse, ce qui ne va pas, c’est le planter du bâton. »
– « Je sais pas ce qui me retient de te casser la gueule! La trouille non ? Ouais, ça doit être ça… »
– « Moi j’ai acheté cet appartement du 15 au 30, si tout le monde dépasse d’une demi-journée, qu’est-ce qu’il se passe ? L’année prochaine, je skie au mois de juillet. »
– « Excusez-moi, mais vous êtes en train d’uriner sur ma voiture. »
– « Ça veut dire qu’éventuellement, si vous étiez au bout du rouleau, on pourrait envisager de conclure ? »
– « C’est quoi les petits trucs blancs dedans ? » « Ça, c’est les vers. Ben oui, comme ça il y a de la viande aussi. » « Je suis végétarien! »