« L’Enquête », de Vincent Garenq, arrive mercredi prochain en salles. Le film est coproduit par le Luxembourg malgré son sujet extrêmement sensible : l’affaire Clearstream !
Gilles Lellouche (à d.) à cöté de Christian Kmiotek. Le premier interprète Denis Robert, le second, Régis Hempel, deux acteurs de la première affaire Clearstream. (Photo : DR)
Clearstream est une chambre de compensation internationale située au Luxembourg. Entre 2001 et 2006, elle est au centre d’une affaire, d’abord financière, mise au jour par le journaliste lorrain Denis Robert, puis politique. C’est sur toute cette histoire que se penche L’Enquête, le nouveau film de Vincent Garenq, qui avait déjà touché aux affaires judiciaires avec Présumé coupable sur l’affaire d’Outreau.
C’est sombre, la musique est stressante. C’est bon, on est dans un thriller. Denis Robert est réveillé chez lui par une perquisition de police. Il sort dans le jardin prendre l’air, puis s’évanouit. Flash-back. L’Enquête est l’histoire de Denis Robert. Celle de cet ancien journaliste messin de Libération qui se lance dans l’écriture d’enquêtes sur le monde de la finance.
Pas à pas, découverte après découverte, il ouvre la boîte de Pandore de la grande finance internationale. Il sera question de comptes cachés, de transactions douteuses, de clients occultes, de paradis fiscaux… Cela donnera l’essai Révélation$, un livre-bombe qui fera éclater au grand jour les excès des milieux de la finance et qui s’en prendra également à l’enrichissement rapide du Grand-Duché depuis la Seconde Guerre mondiale.
Le livre vaudra de nombreux procès à l’écrivain. Il va donc continuer à creuser. Suivra La Boîte noire, et la machine judiciaire déjà mise en route s’emballe. Les procès pleuvent. Et au départ, les condamnations aussi.
> Le Luxembourg très présent
C’est tout cela que raconte Vincent Garenq. Ou plutôt, qu’il explique avoir voulu raconter. Car rapidement, à l’affaire Cleastream lancée par Denis Robert, a succédé l’affaire Clearstream 2, une affaire politico-judiciaire mettant en cause les géants français de l’armement, des candidats à la présidentielle française, les services secrets… Et que Denis Robert a subie, bien malgré lui.
Et si le réalisateur explique avoir voulu éviter cette seconde partie de l’histoire, c’est étrangement autour de celle-ci, entre affaire des frégates de Taïwan, EADS, Thomson, Jean-Louis Gergorin, Imad Lahoud, Nicolas Sarkozy et Dominique de Villepin, que tourne très rapidement l’intrigue. Comme dans la véritable histoire, l’affaire Clearstream 1 est vite oubliée. Alors qu’elle est probablement la plus intéressante.
Résultat, sans la base, on se perd rapidement à l’étage supérieur. Les intrigues se mélangent sans que le lien soit toujours très clair pour le spectateur. Et c’est bien dommage. Tout comme la fin, un brin brusque, et qui nous laisse sur notre faim. Dommage, car malgré ces maladresses, le film est intéressant, et le thriller prenant. C’est bien joué (Gilles Lellouche, dans la peau de Denis Robert, passe par tous les sentiments durant le récit), bien réalisé, avec un bon rythme…
Le public grand-ducal pourra également retrouver un grand nombre de comédiens luxembourgeois, des accents bien de chez nous et des lieux qu’il connaît bien. Par contre, si le but est de bien comprendre les affaires Clearstream ou le travail de Denis Robert, il faudra repasser. Ou se plonger dans la BD L’Affaire des affaires, disponible depuis peu en intégrale.
De notre journaliste Pablo Chimienti
En salle mercredi prochain.
Avant-première mardi, à 19h, à Utopolis Kirchberg.