Citron à gogo, jus de légumes ou même « bains de pieds ionisants » : au moment des fêtes fleurissent les conseils de cures détox censées effacer les excès des réveillons, mais qui n’ont pourtant aucune réalité scientifique.
« Ce qu’on appelle détox dans les magazines grand public donne l’impression aux gens qu’ils peuvent se purifier, ce qui est complètement illusoire », souligne le médecin et biochimiste Robert Barouki, directeur d’une unité Inserm de toxicologie.
Il intervient dans une vidéo récemment mise en ligne par l’organisme de recherche scientifique, consacrée aux fausses promesses des cures détox.
« Il y a un problème de définition : détox c’est flou, ça ne renvoie à aucune définition précise », explique le docteur François Morel, secrétaire du collectif Fakemed.
Fake news médicales
Créée par les médecins signataires en mars d’une tribune contre l’homéopathie et les thérapies alternatives, cette association entend lutter contre les fake news dans le domaine médical.
Les promoteurs des régimes détox assurent que la consommation de certains aliments permettrait d’éliminer des « toxines » qui s’accumuleraient dans notre corps. « Le mot toxine, ça parle aux gens. Mais dire qu’il y a des toxines impliquerait que l’organisme n’est pas capable de les gérer, ce qui n’est pas vrai », argumente le docteur Morel.
« Par exemple, quand on mange beaucoup de protéines, l’organisme produit de l’ammoniaque, mais il est tout à fait capable de le transformer en urée grâce au foie et de s’en débarrasser via les reins », renchérit le docteur Barouki.
L’une des stars des régimes détox est le citron, supposé « nettoyer le foie » ou « désacidifier l’organisme ».
« Le citron ne fait pas de mal et manger des agrumes, qui contiennent des vitamines, c’est très bien, mais il ne faut pas croire qu’il permet d’éliminer des toxines », balaie Robert Barouki. « Dire que le citron permet de lutter contre l’acidification de l’organisme, ça n’a aucun fondement scientifique », ajoute François Morel.
Des précautions à respecter
Certains produits conseillés dans le cadre de cures détox sont moins anodins. Le millepertuis, plante consommée en tisane et également très populaire contre la déprime, contient une substance qui accélère la dégradation des médicaments dans l’organisme et amoindrit donc leur effet. C’est pourquoi une femme qui prend la pilule et consomme du millepertuis peut tomber enceinte malgré la contraception.
A l’inverse, le pamplemousse peut augmenter l’action de certains médicaments et entraîner des surdosages.
« Millepertuis et pamplemousse sont à manipuler avec une précaution extrême », commente Robert Barouki.
Les dispositifs de « détox » que commercialisent certaines sociétés peuvent aller au-delà des seuls régimes alimentaires. « Il y a par exemple des patchs qu’on se colle sur le pied et qui deviennent marron (preuve supposée de l’évacuation de toxines, NDLR), coloration qui s’explique en fait par l’humidité », dit le Dr Barouki.
Remède basique
« Il y a aussi des bains de pieds avec un petit courant censé éliminer des toxines, ce qui n’a aucune validité scientifique », poursuit-il. Idem pour les vertus prétendument « détoxifiantes » du sauna.
Sur leur site internet, les Instituts nationaux de la santé estiment qu’il « n’y a aucune preuve convaincante que les régimes détox permettent d’éliminer des toxines ou sont bénéfiques à la santé ».
Si votre corps crie grâce après des journées entières passées à abuser du foie gras, du chocolat ou du champagne, la solution est beaucoup plus simple, note Robert Barouki : « Il faut manger léger pour mettre l’organisme au repos, s’hydrater en buvant de l’eau, et c’est tout. C’est tout bête ».
LQ/AFP