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L’écrivain Jim Fergus, encensé en France, inconnu aux Etats-Unis


"Je suis assez content pour ma tranquillité d'être inconnu aux Etats-Unis mais j'aime bien l'accueil que me réservent les Français. C'est agréable", savoure l'écrivain. (photo AFP)

« Je suis un écrivain complètement inconnu aux Etats-Unis », reconnait le romancier américain Jim Fergus qui publie, après 16 ans d’attente, la suite de « Mille femmes blanches », phénomène d’édition en France.

« En Europe, en France en particulier, c’est comme si je vivais la vie de quelqu’un d’autre », s’amuse l’écrivain. Pour jauger la popularité de Jim Fergus en France, il suffit d’examiner le planning de sa tournée de présentation de « La vengeance des mères », publié jeudi prochain par le Cherche-Midi. Le romancier va enchaîner les rencontres avec ses milliers de lecteurs francophones jusqu’au 19 novembre.

« Je suis assez content pour ma tranquillité d’être inconnu aux Etats-Unis mais j’aime bien l’accueil que me réservent les Français. C’est agréable », savoure l’écrivain.

fergJim Fergus, 66 ans, n’est pas le seul écrivain américain à rencontrer plus de succès en France qu’aux Etats-Unis (même si là-bas, « grâce au bouche-à-oreille », son livre « Mille femmes blanches » s’est écoulé à « presque un million d’exemplaires » toutes éditions confondues).

L’auteur de best-sellers Douglas Kennedy, l’écrivain James Ellroy qui reconnait « vendre six fois plus de livres en France qu’aux Etats-Unis » ou encore Jim Harrison, décédé en mars dernier, sont dans la même situation.

Jim Fergus, grand ami et voisin de Jim Harrison en Arizona, se souvient de sa venue en France, en 2000, pour présenter « Mille femmes blanches ». L’auteur de « Dalva » l’accompagnait. « Je connaissais alors Jim depuis 20 ans mais je ne me doutais pas de ce qui m’attendait en France avec lui. C’est comme si j’étais avec Mick Jagger », dit en riant, dans son français parfait, Jim Fergus.

« La vengeance des mères » (qui ne sortira aux Etats-Unis qu’au printemps prochain) reprend l’histoire là où s’achevait « Mille femmes blanches ».

Une histoire de survivantes

En 1875, dans le but de favoriser l’intégration, un chef cheyenne, Little Wolf, propose au président Ulysses Grant d’échanger mille chevaux contre mille femmes blanches pour les marier à ses guerriers. Grant accepte et des femmes, recrutées pour l’essentiel dans les prisons ou les asiles, sont envoyées dans les territoires indiens.

Dans « Mille femmes blanches », on suivait cette histoire (basée sur des faits réels) via les carnets (imaginaires) d’une de ces jeunes femmes, May Dodd. A la fin de « Mille femmes blanches », l’armée américaine, peu respectueuse des promesses faites aux Cheyennes, massacrait la tribu de Little Wolf y compris « les femmes blanches » et leurs enfants. Seule une poignée de femmes échappaient à la tuerie. « La vengeance des mères » est l’histoire de ces survivantes.

« La plupart des Américains ne connaissent rien à la vie des Indiens. Ils ne savent pas comment a été bâti leur pays, ils n’ont aucune idée du massacre des Indiens », déplore Jim Fergus, « fasciné par les histoires d’Indiens » depuis son enfance.

Avec son père, il a tôt sillonné l’Ouest américain. « J’ai grandi près de Chicago et on faisait des balades en voiture chaque été. Nouveau Mexique, Colorado, Wyoming, Montana… Nous passions par les réserves indiennes ».

« +La vengeance des mères+ est une oeuvre de fiction mais j’ai essayé d’être le plus près possible de la réalité historique », explique Jim Fergus.

Formidable plaidoyer pour la culture indienne, le roman est aussi un grand roman féministe où l’on entend des femmes -nous sommes en 1876!- parler librement « sans éprouver ni gêne, ni honte » du plaisir physique. Plein d’empathie pour ses personnages, Jim Fergus ne se montre jamais manichéen. Les Cheyennes peuvent être aussi cruels. « Ce sont des humains comme tout le monde », se justifie le romancier.

Le sort des Indiens d’aujourd’hui le préoccupe. « Grâce aux casinos, il y a aujourd’hui des tribus très riches, notamment en Californie. Ce n’est pas le cas des Apaches en Arizona ou des Cheyennes ».

Il se réjouit de l’actuelle mobilisation des Sioux et d’une centaines d’autres tribus contre un projet d’oléoduc dans le Dakota du Nord. « Finalement, les tribus vont se faire entendre ».

Le Quotidien / AFP