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Le triomphe des Minions, sales gosses de l’animation


Le réalisateur Kyle Balda a pris la pose avec l’un de ses personnages fétiches lors de l’avant-première, samedi, de Minions : The Rise of Gru, à Los Angeles.

Complètement stupides mais terriblement attachants, les Minions se sont taillé une place parmi les personnages les plus rentables de l’animation. Retour sur une «success story» franco-américaine, avant la sortie du nouvel opus.

Dévoilé en ouverture du festival international du Film d’animation d’Annecy, Minions : The Rise of Gru arrivera en salles le 6 juillet avec deux ans de retard, pandémie oblige.

Une sortie attendue par des millions de fans : la franchise, depuis le premier volet, Despicable Me (Pierre Coffin et Chris Renaud, 2010), a rapporté 3,7 milliards de dollars au box-office, selon le site spécialisé IMDb, sans compter les multiples dérivés, en faisant l’une des plus rentables de l’histoire.

Scénario réduit au minimum, succession frénétique de gags parfois au ras des pâquerettes… «L’essentiel dans ces films, c’est juste d’être stupide et de s’amuser», assume gaiement l’un des trois réalisateurs du dernier film, l’Américain Kyle Balda.

Sales gosses en forme de gélule, au corps jaune habillé d’une salopette, les Minions n’étaient à l’origine que des personnages secondaires, mais ont volé la vedette à Gru, l’antihéros de Despicable Me, jusqu’à être au cœur d’un premier spin-off, Minions (Kyle Balda et Pierre Coffin, 2015).

Pari risqué, faire tenir un film entier sur des personnages s’exprimant dans un mélange inventé et sans queue ni tête de langues latines et asiatiques. Mais gagné : un milliard de dollars de recettes au box-office.

Aux origines d’un méchant raté

«Bien sûr, ils parlent. Mais personne ne comprend ce qu’ils disent!», s’amuse Kyle Balda, qui aime s’inspirer de classiques comme Charlie Chaplin ou Jacques Tati. Faire rire «sans dépendre des dialogues», pour un réalisateur d’animation, c’est comme «l’ascension de l’Everest», relève-t-il.

Dans l’esprit, burlesque et anarchique, le succès des Minions «peut être comparé à celui des Lapins crétins» de la série de jeux vidéo Rayman, attachants et stupides eux aussi, signale Gersende Bollut, auteur d’ouvrages sur l’animation qui collabore à la revue spécialisée Animascope.

Le nouvel opus ne change pas une formule qui a fait ses preuves, au risque de la répétition. Le film remonte aux débuts de Gru, ce méchant raté : entouré d’une armée de Minions, l’ado espère intégrer un groupe de «supervilains», les «Vicious 6». Un projet qui va immanquablement dérailler.

Comme dans les précédents volets, l’acteur Steve Carell prête sa voix à Gru, tandis que la bande de méchants est doublée par des stars du cinéma d’action, dont Jean-Claude Van Damme, Dolph Lundgren, Danny Trejo ou Lucy Lawless, éternelle Xena la guerrière.

eul le décor change, une plongée dans le San Francisco du «Flower Power» et des années 1970, avec une initiation aux arts martiaux (clin d’œil à l’esprit Shaolin Soccer) et reprise de tubes, dont une version Minions de You Can’t Always Get What You Want, des Rolling Stones.

«Concurrencer» Dreamworks et Pixar

Universal, qui détient là l’une des rares marques susceptibles de faire face aux autres géants de l’animation, a attendu à cause de la pandémie deux ans pour sortir ce nouvel opus d’une saga toujours produite des deux côtés de l’Atlantique.

Si le Français Pierre Coffin, papa des Minions, et probablement seul être humain à maîtriser leur langue, n’est plus coréalisateur, il veille encore de près sur sa création et enregistre toujours toutes les voix des petits personnages jaunes. Et c’est dans les bureaux parisiens des studios tricolores Mac Guff que prennent vie les Minions, à l’image soignée, mais quelque peu standardisée.

Côté Hollywood, Minions : The Rise of Gru et les précédents films de la série sont produits par l’Américain Christopher Meledandri, à la tête du studio Illumination. Bien moins connu du grand public que Pixar et Dreamworks, ce dernier «a toujours voulu concurrencer» ces studios qui ont révolutionné l’animation, analyse Gersende Bollut.

Au box-office, «Illumination y est parvenu», avec outre Despicable Me et Minions, les succès de The Secret Life of Pets (Chris Renaud, 2016) et Sing (Garth Jennings et Christophe Lourdelet, 2016), mais sans obtenir le même prestige ni la même reconnaissance, poursuit-il.

Le studio fera rapidement reparler de lui : les équipes d’Illumination travaillent sur la version cinéma d’animation du légendaire jeu vidéo Super Mario Bros., attendue en 2023. Quant aux Minions, «je ne crois pas que ce soit fini. Il y a clairement un avenir pour ces personnages», tranche Kyle Balda.

Minions : The Rise of Gru, de Kyle Balda, Brad Ableson et Jonathan del Val.

Sortie le 6 juillet. «Fan event» demain à 19 h aux Kinepolis Belval (Esch) et Kirchberg (Luxembourg).

Avant-premières dès jeudi dans tous les cinémas du pays.