Le Théâtre national du Luxembourg (TNL) a présenté sa nouvelle saison mardi. De nouvelles créations, un auteur en résidence et un cycle qui combine textes et musique… Le TNL raconte les barrières, existantes ou invisibles, dont il convient de s’affranchir pour se sentir «libéré».
À l’image de la pièce Le Dieu du carnage, remise au programme cette année, et cette scène contenue entre de fines parois de verre au cœur desquelles deux couples se bagarrent, le TNL, cette saison, évoque la prison, celle qui débute avec les limites de nos propres corps, et se poursuit dans les sphères restreintes des collectivités (famille, travail, société…).
BRISONS LES CHAÎNES
Le théâtre comme forme de libération, le TNL y croit, et se propose même d’apporter la masse pour faire tomber quelques murs, et au passage, des clichés. Ainsi, il pénètre au cœur des familles, celle où l’enfant invisible est au centre de toutes les préoccupations (Objet d’attention), mais aussi celle où, sous les apparences sereines, couve un volcan impétueux (The Open House).
Deux créations qui en appellent, bien sûr, d’autres, évoquant, pêle-mêle, le corps prisonnier d’une «vermine monstrueuse» (Die Verwandlung), les clichés sur la sexualité du troisième âge (La Vieille qui marchait dans la mer), l’amour triomphant, peut-être, sur la jalousie (Love & Jealousy d’Albena Petrovic avec l’Ensemble Lucilin), et encore l’oppression sociale qui amène la classe ouvrière dans la rue (Masse Mensch, pièce écrite depuis… une prison bavaroise!). Enfin, May We Dance met côte à côte quatre générations de chorégraphes pour questionner l’évolution de la discipline au pays et, c’est une évidence, continuer la libération des corps et des esprits.
UN AUTEUR ENTRE LES MURS
Cette saison, le TNL s’attache les services (et les compétences) de Michel Clees en tant qu’auteur en résidence. Une voix «schizophrène» de la scène grand-ducale, capable autant d’une retenue presque intimiste que d’un discours politique violent, nourri d’une colère viscérale. Dans un style lyrique et dramatique qui lui est propre, il dévoilera sa pièce Parterre et des textes inédits (Captcha).
PLACE À LA MUSIQUE!
Le TNL est, certes, l’endroit où s’exprime la littérature, mais aussi la musique. C’est donc sans retenue que le TNL inaugure une série de soirées où les textes côtoient les harmonies dans l’ambiance feutrée et conviviale de son bar. Ainsi, sept concerts-lectures seront au programme, et presque à chaque fois, la soirée sera surtout féminine, portée par des comédiennes et des chanteuses de talent. On y trouvera ainsi, éparpillées sur toute la saison, au micro comme derrière un instrument, Adrienne Haan, Christiane Rausch, Danielle Hennicot ou Jacqueline Macaulay.
LES FEMMES D’ABORD
Cent ans après, le TNL célèbre avec Theater an der Chamber! – qui lance la nouvelle saison dès la fin du mois – dans une manifestation spéciale à la Chambre des députés même, l’instauration du vote des femmes en 1919, un événement majeur dans l’histoire du Luxembourg, tandis que Footnotes – création portée par les insurgés d’Independent Little Lies (ILL) – monte au créneau et questionne l’inégalité, comme l’image que la femme se fait d’elle-même.
Grégory Cimatti
TNL – Luxembourg.
Début de saison : le 4 octobre.
«Le Dieu du carnage»
www.tnl.lu
«Le TNL aidera à faire sentir les barreaux qui nous entourent, à matérialiser ce qui paraît n’être qu’une chimère. Il essaiera de dessiner des voies pour surmonter les entraves, briser les barreaux. Et sortir l’Autre de la prison où nous l’avons enfermé. Un théâtre qui parle de libération…»
(Frank Hoffmann, directeur du TNL)