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Le théâtre du Centaure casse les frontières pour sa saison 2016-17


Le président Pierre Rauchs assume le choix d'un«théâtre engagé, qui interroge sur les travers de l'humanité ». (photo archives LQ)

Quatre créations, quatre accueils, des tournées, des mises en voix… la saison 2016/17 du théâtre du Centaure est lancée, et engagée!

C’est parti pour la 43 e saison du théâtre du Centaure, le petit théâtre un peu caché au tout début de la Grand-Rue à Luxembourg. Celui qu’il vaut mieux connaître pour être sûr de le trouver. Pour les autres, le mieux est de s’informer, car il mérite d’être connu.

Petit par sa taille, avec une capacité de 50 spectateurs, étonnant par sa salle, dans une cave voûtée du centre historique de Luxembourg, le théâtre du Centaure a pourtant tout d’un grand. Et sa présence cette saison encore au festival Off d’Avignon (la 23 e !), avec Une liaison pornographique , de Philippe Blasband, une pièce mise en scène par l’ancienne maîtresse des lieux, Marja-Leena Junker, est encore là pour le prouver.

L’ancienne directrice artistique de la maison a passé la main, l’an dernier, à Myriam Muller. Une succession sans accrocs. La saison dernière, le Centaure a attiré très exactement 2  455 spectateurs dans sa salle «am Dierfgen», ce qui représente un taux de remplissage record de 91  %.

De quoi conforter la nouvelle responsable de la programmation dans ses choix. Ses choix? « Un théâtre engagé, qui interroge sur les travers de l’humanité », note le président des lieux, Pierre Rauchs. « Un théâtre qui interpelle les différents publics », ajoute le secrétaire d’État à la Culture, Guy Arendt.

Un théâtre qui parle de la société d’aujourd’hui à travers quelques textes classiques mais surtout des auteurs contemporains, qui ose être populaire tout en traitant des sujets profonds, qui ose faire rire sur des sujets difficiles, qui ouvre sa scène à des artistes déjà renommés sans exclure pour autant les artistes émergents, voire encore en formation.

C’est donc dans cette optique que Myriam Muller a mis sur pied la saison 2016/17, sa deuxième en tant que directrice artistique. Le public sera gratifié de quatre créations, quatre accueils, des tournées de spectacles présentés par le passé, un spectacle pour enfants. Il aura aussi droit à des projets, tantôt transfrontaliers (un brunch littéraire «Textes sans frontières» entièrement dédié au théâtre polonais, qui prône le travail en commun de metteurs en scène lorrains avec des acteurs luxembourgeois et de metteurs en scène grand-ducaux avec des comédiens lorrains), tantôt en direction d’artistes en devenir (TalentLAB #17).

En tout, 58 dates sont prévues «dans la cave», comme disent les responsables, et 13 dates «hors cave» dans d’autres espaces culturels de la capitale, à Esch-sur-Alzette, Niederanven, Ettelbruck, Mamer, Dudelange et Marnach. Sans oublier le retour au Off d’Avignon.

Des créations au féminin

Quatre créations donc pour le Centaure cette année. Toutes quatre mises en scène par des femmes. La première d’entre elles, Anne Simon, plus habituée au TNL qu’au Centaure, mettra en scène Jules Werner dans un monologue en langue luxembourgeoise de Guy Helminger, Performance . Une pièce sur l’apparence, les préjugés, sur le bien et le mal, qui ne proviennent pas nécessairement de là où l’on pense.

Suivra, début 2017, Séisme , de Duncan MacMillan, écrite en 2011 mais dont le Centaure présentera la création mondiale en langue française. La pièce, engagée, traite de la surpopulation et du réchauffement climatique à travers un couple qui s’interroge sur la possibilité d’avoir ou non des enfants pendant qu’ils font leurs courses chez IKEA. « Une pièce à la fois bouleversante et drôle », assurent les responsables.

Moins drôle et moins contemporaine, le classique Les Justes d’Albert Camus, en mars, dans une mise en scène de Marja-Leena Junker, qui reprend la pièce 20 ans après une première mise en scène, déjà au Centaure. La pièce inspirée de l’assassinat du Grand-Duc Serge en 1905 propose un écho temporel surprenant « aux événements (NDLR  : terroristes) qu’on voit depuis quelques années » souligne Myriam Muller.

La directrice artistique a gardé pour elle la dernière création de la saison  : Cassé , de Rémi de Vos, en mai. Cette comédie noire porte sur la délocalisation, le monde du travail qui peut mener au suicide, mais dans une version proche du vaudeville. Osé!

Le Centaure accueillera également Crime et châtiment – Sad Song from the Heart of Europe de Kristian Smeds, d’après Dostoïevski, Champs de mines de Pamela Dürr, sur la guerre en ex-Yougoslavie, Räpzodi , du rap grand-ducal produit par Maskénada et Dans les rapides de Maylis de Kerangal sur l’adolescence et le premier choc artistique. Bref, une saison qui promet encore une fois de bons moments de théâtre, du rire, de la réflexion, de l’expérimentation… dans la plus pure tradition du Centaure.

Pablo Chimienti

www.theatrecentaure.lu