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« Le Roundup face à ses juges », une nouvelle enquête choc contre Monsanto


(Photo : AP)

Près de dix ans après « Le monde selon Monsanto », la documentariste Marie-Monique Robin dresse un réquisitoire contre le produit phare de la firme américaine, le Roundup, un herbicide à base de glyphosate, dans un documentaire diffusé mardi sur Arte.

La diffusion de ce film, « Le Roundup face à ses juges », intervient alors que l’Union européenne doit se prononcer le 25 octobre sur le renouvellement de l’autorisation du glyphosate, classé « cancérogène probable » par le Centre international de recherche sur le cancer.

Le film rend compte du procès citoyen, sans portée juridique, qui s’est tenu en 2016 à La Haye afin de « juger Monsanto pour violations des droits humains, pour crimes contre l’humanité et pour écocide », selon le site internet des défenseurs de l’environnement qui l’ont organisé. Monsanto n’était pas représenté à ce procès, présidé par des juges professionnels, qu’il a qualifié de « parodie ».

Victimes, scientifiques et avocats venus du monde entier se succèdent à la barre pour dénoncer les effets imputés au Roundup, l’herbicide le plus vendu dans le monde, sur la santé humaine, les animaux et l’environnement. L’initiative était soutenue à l’époque par des personnalités dont Nicolas Hulot.

Glyphosate interdit au Sri Lanka

Marie-Monique Robin donne aussi la parole aux victimes filmées chez elles, en France, en Argentine, au Sri Lanka…

Sabine Grataloup évoque ainsi son fils Théo, né avec de multiples malformations, notamment du larynx et de l’oesophage, et qui a subi 50 opérations. Elle raconte avoir, au tout début de sa grossesse, épandu un désherbant à base de glyphosate, présenté par la publicité comme « biodégradable ». Martina, une petite Argentine, souffre elle aussi d’une malformation de l’oesophage, doublée de problèmes respiratoires, raconte sa mère, Maria Liz Robledo, qui incrimine les pulvérisations de glyphosate dans les champs entourant son village.

Au Sri Lanka, qui a désormais interdit les herbicides au glyphosate, 24.800 personnes sont mortes d’une maladie rénale liée à cette substance, affirme un toxicologue sri lankais, citant des statistiques gouvernementales.

Un éleveur de porcs danois indique pour sa part avoir vu naître 124 porcelets malformés en deux ans, alors que son père n’en a déploré aucun tout au long de sa carrière. Leur autopsie a révélé la présence de glyphosate. Des scientifiques exposent les ravages du Roundup, cet « herbicide total », notamment sur des champs de maïs.

Selon le film, Monsanto lui-même a réalisé des études montrant les effets nocifs du glyphosate, que la firme s’est gardée de publier. Très didactique, multipliant les données chiffrées et les cartels explicatifs, « Le Roundup face à ses juges » veut dénoncer un « scandale sanitaire », souligne Marie-Monique Robin, mais aussi faire progresser « la reconnaissance du crime d’écocide par le droit international ».

Le Quotidien / AFP