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Le retour de Ben-Hur au cinéma


Même avec des moyens technologiques bien supérieurs, ce Ben-Hur 2016 ne s'aligne pas sur le classique de 1959.

Les nouvelles versions de classiques du cinéma se multiplient, avec un succès plutôt mitigé. Les studios Paramount ont relevé le défi avec le plus gros des mastodontes hollywoodiens : le péplum Ben-Hur. Un pari risqué.

À l’instar des resucées estivales de Ghostbusters et du The Jungle Book qui n’ont pas séduit les foules, les experts du secteur s’attendent à ce que le prince de Judée n’attire pas plus que ça les spectateurs. Aucune star en tête d’affiche, en effet, et des critiques peu engageantes pour cette quatrième adaptation sur grand écran du roman éponyme de l’Américain Lewis Wallace (1880).

Le magazine Variety a qualifié le remake du réalisateur kazakh Timur Bekmambetov de «vaseux et lourdingue», tandis que de nombreux médias l’ont surnommé «Les Chariots de ratés» ou «Les Chariots embourbés», dans un jeu de mots avec le titre Les Chariots de feu (Chariots of Fire en VO). Le défi est de taille : outre l’inconfort de refaire ce qui a déjà été fait, ce Ben-Hur 2016 doit tenir la comparaison avec celui de William Wyler sorti en 1959, véritable phénomène dans l’histoire du cinéma.

«Lorsque vous êtes face à ça, vous devez « surperformer » à tous les niveaux et, au bout du compte, faire un meilleur film pour séduire le public», a commenté Jeff Bock, spécialiste du box-office auprès de la société Exhibitor Relations. Il anticipe des recettes de 20 millions de dollars au mieux pour le week-end d’ouverture, chiffre assez décevant. Surtout pour Paramount qui a déboursé 100 millions de dollars et qui a connu une succession de déconvenues, avec Zoolander 2, Ninja Turtles 2 et plus récemment Star Trek Beyond.

Morgan Freeman en guest star

«La version de William Wyler reste l’une des meilleures du genre. La nouvelle version ne pourra tenir la comparaison et ne résistera pas non plus au passage du temps», a estimé Jeff Bock.

Le film de la MGM sur cette histoire de revanche fraternelle, de pardon chrétien et de courses de chars est l’un des plus grands classiques du cinéma. À l’époque, il avait lui aussi un sacré poids sur les épaules car le roman de Wallace était un best-seller, et son adaptation au théâtre a rencontré un vif succès pendant 25 ans. Adapté sur grand écran une première fois en 1907 avec un film muet, il l’avait de nouveau été en 1925 pour quatre millions de dollars, soit le film le plus cher jamais réalisé à l’époque.

Muet, Ben-Hur 1925 avait été financé par la MGM, et de grands noms d’Hollywood s’étaient rués dans les studios de Culver City pour jouer les simples figurants dans les scènes de foule, dont Joan Crawford, Mary Pickford et Douglas Fairbanks.

Trente-quatre ans plus tard, le légendaire Charlton Heston incarne le prince juif devenu esclave Judah Ben-Hur dans un film qui bat encore le record du plus cher, avec un budget de 15 millions de dollars. Succès phénoménal dans les salles où il a récolté 75 millions de dollars rien qu’en Amérique du Nord, et des récompenses avec notamment onze Oscars.

Les critiques doutent que la mouture 2016 soit aussi flamboyante que ces précédentes adaptations, même avec la présence de l’acteur américain Morgan Freeman pour rehausser le casting. L’acteur britannique Jack Huston, qui a repris le rôle-titre et est issu d’une dynastie du cinéma incluant l’actrice Anjelica et le réalisateur John, a eu la chance de rencontrer Heston.

«Même les gens qui n’ont pas vu Ben-Hur savent que c’est le film avec cette fantastique course de chars», a récemment relevé le Britannique. Paramount, qui a cofinancé la version XXIe siècle avec la MGM, espère attirer les spectateurs friands de religion, souvent laissés pour compte. Car, contrairement à Wyler qui ne l’avait utilisé qu’en élément de contexte, Jésus est l’un des héros de Timur Bekmambetov et sa crucifixion figure en bonne place.

«Une partie de notre travail ces derniers mois quand le film était en postproduction a été d’aller dans des églises du pays, des groupes religieux, pour des projections en avant-première et pour obtenir le soutien de l’Église», a expliqué Roma Downey. L’actrice et productrice de 56 ans aux multiples récompenses est, avec son mari et coproducteur Mark Burnett, très impliquée dans la communauté catholique américaine. Ils sont notamment connus pour une minisérie sur la Bible en 2013, qui a rencontré un vif succès.

Ben-Hur, de Timur Bekmambetov (États-Unis, 2 h 04) avec Jack Huston, Morgan Freeman…