Le contrebassiste Avishai Cohen sort un album avec un nouveau trio « choc ».
Revenu vivre en Israël il y a dix ans, le contrebassiste, fort de son succès, a permis à toute une nouvelle génération de se révéler. (Photos : AFP)
Avishai Cohen, l’un des as de la contrebasse dans le jazz contemporain, a publié ce début de semaine From Darkness, dans un nouveau trio « choc » où deux jeunes musiciens israéliens, le pianiste Nitai Hershkovits et le batteur Daniel Dor, apportent une vigueur nouvelle à sa musique. « Nitai Hershkovits est avec moi depuis quelques années. Nous avons déjà fait un disque ensemble (NDLR : Duende en duo en 1992) », confie Avishai Cohen. « C’est lui qui m’a présenté son ami, Daniel Dor. Quand je l’ai entendu, j’ai fait « waouh » ce type est formidable. »
« J’aime le feu, et c’est un batteur explosif, puissant, qui a un gros son, comme John Bonham (NDLR : le batteur de Led Zeppelin) ou un batteur de rock », s’enthousiasme Avishai Cohen. « Ce disque a une tonalité parfois très rock, en grande partie due à son influence. Il vous entraîne, j’adore ça ! » « Ce trio est ensemble depuis un an, nous avons fait beaucoup de concerts, et c’est devenu quelque chose de très exubérant, très passionné, très vivant », poursuit Avishai Cohen, âgé de 44 ans, regard clair, cheveux courts et carrure athlétique.
> « Je joue quasiment toujours du Bach »
Dès les premières notes de From Darkness, la cohésion du groupe, sa densité, l’interaction entre les musiciens, « sautent » aux oreilles. La musique tourne, entre l’expressivité mélodique et le groove de Nitai Hershkovits, l’explosivité et les polyrythmies de Daniel Dor, et la contrebasse chantante d’Avishai Cohen. From Darkness est le quatorzième disque du contrebassiste depuis 1999. Mais curieusement, il s’agit seulement du deuxième en trio, formule qui constitue pourtant le socle de son travail et qu’il a souvent agrémentée d’autres instruments : cordes, cuivres, voix, percussions…
Lorsque Avishai Cohen a débarqué à New York en janvier 1992, avec le tromboniste Abi Lebovitz et Omer Avital, autre contrebassiste, ce jeune homme d’alors 22 ans ne se doutait sans doute pas qu’il allait devenir dans la décennie suivante une vedette dans le monde du jazz. Dès son arrivée dans « la Mecque du jazz », il fréquente assidûment la scène « latin jazz », où il se taille une solide réputation. La chance lui sourit lorsque le pianiste Chick Corea le remarque et l’embauche dans son groupe en 1997.
Cette rencontre décisive lui apporte la notoriété et lui permet d’enregistrer ses premiers albums. Depuis ses débuts en tant que leader, le musicien peaufine une musique pleine de rebondissements qui porte sa griffe : un jazz contemporain qui revendique à la fois l’héritage du bebop et d’influences variées : judéo-hispanique, arabo-andalouse, classique, dans une alternance de plages mélancoliques et de pièces plus exubérantes. Avec des références à Jean-Sébastien Bach, « le plus grand compositeur de tous les temps » et à la musique afro-cubaine. « Dans ma pratique quotidienne, je joue quasiment toujours du Bach. C’est presque une sorte de musique méditative et un massage de l’esprit, mais c’est également spirituel et divin. » Quant aux pianistes cubains, ils allient, selon lui, l’habileté rythmique et une approche classique de la musique dont ils ont une profonde connaissance. « C’est finalement comme du Bach avec des rythmes », dit-il.
Revenu vivre en Israël il y a dix ans, le contrebassiste, fort de son succès, a permis à toute une nouvelle génération de se révéler. Parmi les représentants de cette « israelian touch » figurent les pianistes Shai Maestro, Yaron Herman, Eder Ladin, Yonathan Avishai, Omri Mor, les saxophonistes Eli Degibri et Shauli Einav, ou le guitarise et joueur d’oud Amos Hoffman. Ayant conquis un public assez large par son jazz généreux et lyrique, Avishai Cohen sera à la tête de son nouveau « power trio » en tournée, qui passera notamment par le Luxembourg.
Le Quotidien (avec AFP)
Avishai Cohen sera le 9 octobre au Cube 521, à Marnach.