Le parolier, scénariste et académicien français Jean-Loup Dabadie, qui a exercé ses nombreux talents dans des domaines variés, dont la littérature, le journalisme, le cinéma et la chanson, est décédé dimanche à Paris à 81 ans, a annoncé son agent Bertrand de Labbey.
« Jean-Loup Dabadie est décédé aujourd’hui à 13 h », à l’hôpital parisien de la Pitié-Salpêtrière, d’une maladie autre que le Covid-19, a précisé Bertrand de Labbey. « C’était un artiste complet, il avait réussi dans tous les arts : le sketch avec Guy Bedos (NDLR : humoriste pour lequel il avait écrit de nombreux textes); la chanson avec les chanteurs (Michel) Polnareff (Lettre à France) et Julien Clerc (Femmes je vous aime); et également le cinéma en tant que scénariste et adaptateur », a-t-il rappelé.
Artiste populaire aux multiples talents, Jean-Loup Dabadie aura bâti en une trentaine de films et quelques centaines de chansons un univers tendre et nostalgique qui colle à la mémoire des Français : il fait figure de parolier national des années 1960-80. César et Rosalie, Tous les bateaux, tous les oiseaux, Les Choses de la vie, Ma préférence, On ira tous au paradis, sont autant de tubes dont il est l’auteur. Cheveux blancs soigneusement ordonnés, sourire éclatant, Dabadie, parolier et scénariste, écrivain et journaliste, promenait depuis les années 1960 sa silhouette de dandy dans le paysage culturel français.
Né en 1938 à Paris, Jean-Loup Dabadie avait débuté comme écrivain et journaliste, avant de devenir auteur de sketches à grand succès, puis un immense parolier et un scénariste remarqué pour ses textes empreints de tendresse et de nostalgie. Il a notamment signé le scénario de films de Claude Sautet dont César et Rosalie et Les Choses de la vie, et signé les paroles de chansons qui ont bercé toute une génération, dont On ira tous au paradis (Michel Polnareff) à Femmes je vous aime (Julien Clerc).
Ce fou de travail (et de tennis) aux allures de dilettante n’avait guère cessé d’écrire en plus de quarante ans : chansons, scénarios ou pièces de théâtre… Au cinéma, son nom est associé aux films estampillés « qualité française » des années 1960 à 1980. La France de Dabadie est celle des copains dans les films d’Yves Robert, Un éléphant ça trompe énormément, Nous irons tous au paradis, qui triomphent dans les années 1970. Celle aussi de la tendresse bourrue et de la famille malmenée dans La Gifle (1974) avec Isabelle Adjani et Lino Ventura. Une France moyenne. Avec la crise économique, le chômage, les ruptures en toile de fond. Un monde de chefs d’entreprises à la dérive, de cadres licenciés, de jeunes qui débutent et de couples éclatés. Une France de l’amitié, essentiellement masculine. Un univers tendre et joyeux, semé de gags, dans la lignée des grands scénaristes du cinéma français.
Ses derniers succès au cinéma remontaient au début des années 1980. Jean-Loup Dabadie sembla ensuite moins en phase avec son époque. « Le métier de scénariste doit se faire dans une ombre infinie », aimait dire ce discret qui ciselait ses répliques loin du tapage du show-business. Élu en 2008 et reçu l’année suivante à l’Académie française, Dabadie venait de terminer l’adaptation pour le cinéma d’un roman du belge Georges Simenon, Les Volets verts, dont le premier rôle devait être tenu par Gérard Depardieu
AFP /LQ