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Le meilleur du court métrage national au Lux Film Fest


The Past We Live In, de Jérôme Weber, rappelle aux spectateurs la triste histoire des malgré-nous luxembourgeois. (photo Equinox productions)

Parmi la douzaine de court métrages produits ou coproduits ces derniers mois par le Luxembourg et visionnés pour cette septième édition du Lux Film Fest, le comité de sélection en a choisi six pour sa traditionnelle soirée des courts métrages.

La soirée courts métrages du Lux Film Fest est un de ses passages obligés pour les professionnels du milieu cinématographique grand-ducal. Tout le monde y présente un film, a joué dans l’un d’eux ou travaillé pour lui ou simplement est ami avec la plupart des gens présents dans ces œuvres. Résultat, la salle 10 de l’Utopia était une nouvelle fois pleine à craquer lundi. Les années se suivent donc, mais ne se ressemblent pas toujours. Et il faut reconnaître que cette sélection 2017 est plutôt dans le haut du panier, même si tout est loin d’être parfait.

C’est The Past We Live In, de Jérôme Weber, qui a ouvert la soirée. L’histoire d’un vieil homme qui, le jour de son anniversaire, se remémore ce qu’il a vécu pendant la Seconde Guerre mondiale. Guerre à laquelle il a participé du côté allemand, où il avait été enrôlé de force. La boue, la neige, les tranchées, les copains morts… tous les souvenirs remontent d’un coup. Surtout celui d’un soldat noir qui lui a sauvé la vie, juste avant de perdre la sienne. Un beau film, bien joué, avec de très belles images, mettant en scène un joli moment d’humanité entre ennemis, mais qui n’évite pas quelques plans et mouvements de caméra inutiles.

Puis a suivi 818, de Claude Lahr, film tiré d’un scénario de Mathieu Caboche, lauréat l’an dernier du concours Crème fraîche. Une contre-utopie froide, chirurgicale sur un futur sombre où un système informatique, dont dépendrait la survie de l’espèce humaine, a la possibilité de prévoir le futur. Un film extrêmement maîtrisé, qui propose un huis clos inquiétant et un face-à-face pertinent entre Steve Karier et Max Thommes.

Inquiétant également Fils, de Cyrus Neshvad. Le film, sélectionné dans une soixantaine de festivals internationaux et lauréat de plusieurs prix, joue avec les nerfs du spectateur. Il met en scène un infirmier psychiatrique qui a du mal à accepter le coma irréversible de son fils causé par un accident dont il se sent coupable. Alors quand des événements étonnants se succèdent pendant sa garde de nuit à l’hôpital, il a beaucoup de mal à garder la tête froide. Un film à suspense efficace mais simpliste, et pas toujours bien interprété.

Un bon millésime malgré des maladresses

La difficulté à accepter la mort d’un être cher est également le fil rouge de Ce qu’il reste de toi, première réalisation de Kevin Dresse. Après un bête accident domestique, la vie de Michel bascule. Il fera ses adieux à son être aimée à sa manière. Un film sensible et pertinent magnifiquement interprété, mais qui, aux dires de nombreux spectateurs après la séance, n’a pas grand-chose de grand-ducal.

Il en va de même pour Chernobyl, de Franco Dipietro. Malgré une coproduction Espera Luxembourg, le film est avant tout italien, pour son récit, son réalisateur, ses comédiens et son équipe. Néanmoins prenant et extrêmement bien fait, le film parle d’un couple stérile de Turin qui accueille pendant 40 jours un jeune garçon de Tchernobyl, pour lui permettre de passer quelques jours loin des radiations nucléaires et d’ainsi faire baisser son risque de cancer.

Une relation filiale qu’on retrouve dans le dernier film de la sélection, Sur le fil, de Thierry Besseling et Loïc Tanson. Si les deux réalisateurs nous avaient accrochés l’an dernier avec leur Eldorado, ils déçoivent sur ce coup avec un court dont on devine les intentions et dont on imagine les difficultés de tournage – avec numéros de cirque et même une lionne. Mais le résultat à l’écran ne crée aucune sensation et la fin tombe à plat. À la limite, ces 15 minutes auraient pu faire un début intéressant pour un long ou un moyen métrage, mais là, c’est assez insipide.

Des hauts et des bas donc, mais une soirée de courts métrages qui a rappelé que de belles choses se font au Luxembourg. Même si, avec les différentes thématiques abordées, ils sont nombreux, parmi les spectateurs, à être sortis de là en tirant une tête de six pieds de long. Heureusement, une after-party était prévue au Quartier général, histoire de remonter le moral des troupes.

Pablo Chimienti