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Le Luxembourg 3e du championnat du monde de dégustation de vin à l’aveugle


(Archives Le Quotidien)

Le Luxembourg est arrivé troisième, samedi au château de Gilly-lès-Cîteaux, en Côte-d’Or, à la cinquième édition du championnat du monde de dégustation de vin à l’aveugle, derrière la Suède et l’Angleterre. Une belle performance puisque le Grand-Duché était arrivé huitième lors de l’édition 2016.

Une centaine de dégustateurs, répartis en 24 équipes venues de pays « des cinq continents, dont les États-Unis, l’Australie, la Russie ou encore le Brésil », se sont mesurés samedi matin « à l’invitation de la maison de vin Jean-Claude Boisset », selon un communiqué de la Revue du vin de France, mensuel organisateur de cette compétition.

La Chine, qui avait remporté l’épreuve l’an dernier, doit se contenter cette fois-ci de la neuvième position, « malgré des épreuves de sélection des finalistes conduites dans toute la Chine », relèvent les organisateurs dans leur communiqué. Le Zimbabwe, dont c’était la première participation, pointe à la 23e place.

Découvrir le cépage principal, le pays, l’appellation, le millésime

La France, deuxième l’an passé, termine à une décevante 11e position. « Les dégustateurs français sont excellents, mais ils ont plus l’habitude de déguster des vins » tricolores, a commenté le directeur de rédaction de la Revue du vin de France, Denis Saverot.

Les concurrents devaient tenter de découvrir le cépage principal, le pays, l’appellation, le millésime et si possible le producteur de six vins blancs et six vins rouges du monde entier, de l’Allemagne à l’Afrique du Sud.

La sixième édition du championnat aura lieu l’an prochain en Languedoc et l’épreuve pourrait se dérouler en 2019 au château de Chambord (Loir-et-Cher), qui a replanté des vignes en 2015 et devrait produire pour la première fois du vin cette année-là, a indiqué Denis Saverot.

Le Quotidien / AFP

Voilà ce que disait l’équipe luxembourgeoise avant la compétition. Visiblement des modestes.

«Un long débat sur un vieux sancerre»

Hervé Amann, Guy Bosseler, Jules Hoffelt et Valentin Niro vont tenter de découvrir l’identité de douze vins servis en carafe, sans aucune indication d’origine. Un challenge qui demande une mémoire olfactive encyclopédique… et des nerfs solides!

herveCe qu’il y a de bien, avec les championnats du monde de dégustation à l’aveugle, c’est que l’on ne s’y ennuie pas. Premièrement, ils ont invariablement lieu dans une région viticole et le cadre est toujours spectaculaire. Cette année, c’est au tour de la Bourgogne et de Nuits-Saint-Georges en particulière. On a fait pire, d’autant que c’est la maison Boisset qui invite au château de Gilly.

Deuxièmement, lorsque l’on invite la crème des dégustateurs, ce n’est pas pour leur servir du vinaigre  : la compétition –  qui est réelle!  – se passe d’autant mieux qu’elle se joue sur la découverte des appellations, des cépages, des producteurs et des millésimes de crus qui sont souvent de haute volée.

Hervé Amann, pilier de l’équipe luxembourgeoise, se souvient avec émotion de l’édition 2013, qui avait eu lieu au château Larrivet Haut-Brion (Pessac-Léognan)  : «On nous avait servi un Château Rayas 1998 (NDLR  : une maison mythique de Châteauneuf-du-Pape). Nous avions trouvé l’appellation, le cépage (NDLR  : grenache) et même le millésime. Nous n’avions buté que sur le producteur parce que l’on ne pensait pas que les organisateurs puissent se procurer de tels vins! En fait, nous avons appris plus tard que le domaine leur en avait donné une caisse.»

Des vins qui peuvent venir de partout

Pour gagner le championnat, il faut obtenir un maximum de points en devinant les caractéristiques des vins (appellation, cépage principal, millésime et producteur). Traditionnellement, on commence par un effervescent (champagne ou autre) qui est suivi de quatre blancs secs.
À l’issue de cette première salve, ce sont six rouges qui sont portés à l’attention des concurrents. La clôture de la dégustation se fait par un blanc mœlleux voire, plus rarement, par un rouge mœlleux «comme un porto, un maury ou un rivesaltes», précise Hervé Amann.

Ces vins peuvent venir de n’importe quelles vignes sur terre, sans qu’aucune liste des pays représentés ne soit donnée. Le champ des possibles est absolument vertigineux! « Nous sommes plus à l’aise sur les vins européens que sur les vins du Nouveau Monde, reconnaît Hervé Amann. Ces vins sont souvent très modernes, très boisés voire pommadés. Sur certains, toutes les indications de terroir sont gommées par l’élevage et il est extrêmement difficile de récolter le moindre indice.»

Le truc pour se sortir de ce type de piège, explique le dégustateur, c’est de garder les vins le plus longtemps possible pour que le contact prolongé avec l’oxygène permette de les ouvrir. C’est alors que des informations capitales peuvent apparaître et orienter les concurrents vers telle ou telle région. «D’abord, il faut observer la couleur et la fluidité du vin, ensuite –  et c’est le plus important  – vient l’analyse olfactive. C’est avec le nez que l’on obtient le plus d’informations, davantage qu’en goûtant», explique-t-il.

Une fois que l’on s’est arrêté sur son choix, encore faut-il convaincre ses coéquipiers… ce n’est pas toujours le plus facile! La compétition se joue effectivement par équipe de quatre, chacun ayant des affinités avec certains types de vins. « Je me souviens d’un très long débat sur un vieux sancerre, sourit Hervé Amann. J’avais reconnu le sauvignon mais pas mes coéquipiers. Il m’avait fallu un bon quart d’heure que le vin s’ouvre enfin pour parvenir à les persuader!»

L’objectif de l’équipe luxembourgeoise est de faire aussi bien que l’année dernière au château du Galoupet (côtes-de-provence). Ils s’étaient alors placés en 8e position, un excellent classement. «Sincèrement, je pense que ce sera très dur car nous n’avons pas pu nous entraîner comme nous l’aurions souhaité, mais nous ferons de notre mieux!» Ce samedi, à midi, ils sauront.

Erwan Nonet