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Le Lido bouscule les codes avec une revue 2.0


Des Bluebell girls version « éros chic » qui prennent le pouvoir, une meneuse de revue plantureuse, des écrans LCD géants démultipliant les effets visuels, des robes en fibre optique et le retour du French Cancan : le Lido de Paris bouscule les codes de la revue traditionnelle strass et plumes.

Pour la première fois de son histoire, Le Lido, racheté par le groupe Sodexo qui avait en charge sa restauration, a fait appel à un prestataire artistique extérieur pour sa 27e revue depuis 1946 : le metteur en scène belge Franco Dragone (Cirque du Soleil, Céline Dion…) reconnaît que l’aventure est « un grand défi ».

Bonheur, la précédente revue, avait été créée par le maître de ballets Pierre Rambert, légataire artistique de Margaret Kelly à l’origine des Bluebell girls, à qui il avait succédé. Il n’a pas été associé au nouveau spectacle, licencié après 40 ans de maison. Pour Franco Dragone, « marier la tradition et l’innovation est un équilibre difficile ». « J’expérimente une nouvelle recette », a-t-il reconnu mercredi soir avant la générale.

Pendant les répétitions en présence de la presse, il reconnaissait quelques « rêves imparfaits », persuadé cependant d' »écrire le futur de la revue ». Pour Line Renaud, ambassadrice du genre et invitée d’honneur de la première de Paris Merveilles, le « pari est relevé ». « C’est une expérience très osée de rénover en restant dans la tradition. Il y a moins de plumes qu’à mon époque mais c’est réussi », a-t-elle confiée.

« Dans ce nouveau spectacle, j’ai eu l’envie d’exprimer que la femme n’est pas un objet : les Bluebell prennent le pouvoir », a expliqué Franco Dragone qui fait revenir le French Cancan sur la scène du Lido, une demande des spectateurs. Depuis 1991, le cabaret des Champs Elysées avait laissé à son concurrent Le Moulin Rouge cette danse acrobatique, symbole de la fête parisienne au XIXe.

Composée d’une vingtaine de tableaux et attractions, Paris Merveilles célèbre la capitale française par une succession de cartes postales, thème sans risques à même de réjouir les touristes majoritaires parmi les 500 000 spectateurs annuels, à raison de deux shows par soir.

Piscine du Lido

Accueilli par un impressionnant orchestre mécanique au décor art nouveau avec deux chanteurs de charme, le spectateur se retrouve plongé dans un dessin animé digne des studios Disney, dans les pas d’une ingénue qui rêve de devenir une Bluebell. Sur la scène, elle retrouve ses futurs collègues tout en plumes, accompagnées des « Lido boys » en tenue de groom. La meneuse de revue, cheveux rouge et silhouette plantureuse, à l’opposé des Bluebell longilignes, fait alors son entrée : la mezzo-soprano Manon, ex-candidate de The Voice saison 3.

Un peu plus tard, les nouvelles Bluebell en tailleurs sexy, jupes fendues, et seins nus sous leur vestes de « wonder women », entrent en scène pour un tango avec accordéon et violon live sous une Tour Eiffel en image de synthèse qui brille de mille feux. On les retrouve en danseuses étoiles, rejointes par deux véritables cygnes, les attractions animalières de la revue pour un moment de poésie.

La célèbre piscine du Lido et ses jets d’eau reprennent du service pour une évocation des jardins à la française avec une armée de naïades. « J’ai compris à quel incroyable défi nous nous attaquions. Il ne s’agit pas seulement de proposer une nouvelle revue mais bien de réinventer cet art du spectacle si particulier en créant le Lido du futur », observe Nathalie Bellon-Szabo, directrice générale de Sodexo Sports et Loisirs. Objectif : faire progresser de 30% le chiffre d’affaires du cabaret d’ici trois ans. Vingt-cinq millions d’euros ont été consacrés aux travaux et à la nouvelle revue.

Franco Dragone a enrôlé le chorégraphe français Benoît-Swan Pouffer et le décorateur de cinéma et de théâtre Jean Rabasse. 600 costumes, souliers et chapeaux ont été fabriqués dans ses ateliers belges.

AFP