Accueil | Culture | Le jour où Barbie se rebellera (Vidéo)

Le jour où Barbie se rebellera (Vidéo)


Neimënster présentera, dimanche, dans son programme pour la journée de la Femme, Nipples Theory, une pièce qui s’interroge avec autant de sérieux que d’humour sur la condition féminine.

490_0008_14146214_Nipples_Theory_Compagnie_Praek

Elles sont six danseuses interprétant Barbie pour malmener, presque une heure durant, le seul danseur de la pièce, représentant Ken. (Photos : DR)

C’est un coup de gueule. Un ras-le-bol. La jeune danseuse et – chorégraphe Katia Benbelkacem n’en peut plus de la pub, du porno, des clips de rap et même des magazines féminins qui usent et abusent du stéréotype de la femme-objet. « Je n’ai pas connu le MLF ou le Women’s Lib de 68, même si je profite de leur héritage, lance Katia Benbelkacem, mais je constate en même temps que nous, les femmes, n’avons toujours pas le même pouvoir que les hommes. » ajoute-t-elle désabusée. Un exemple au hasard : « Pourquoi un homme qui assume sa sexualité, qui aime le sexe est-il un Don Juan, alors qu’une femme serait une salope ? C’est pourtant ce que nous dicte la société ! »

C’est de toutes ces réflexions qu’est né Nipples Theory (« La Théorie du mamelon« , pourrait-on traduire en VF), un titre qui intrigue et en même temps pourrait servir de slogan féministe. Et que ce soit clair : Katia Benbelkacem tape fort et ça fait mal !

Pour dénoncer le machisme ambiant et la vision de cette femme « idéale » qui « n’a d’autre but que d’être jolie et gentille », elle a décidé de s’attaquer au symbole ultime d’une certaine féminité fantasmée par les hommes, la Barbie : « Une call-girl de luxe, à la taille ultrafine et au visage enfantin », selon la chorégraphe. « Une ménagère soumise, réduite à être cuisses, bouche, seins, autrement dit de la chair sans cervelle, portant la jupe « ras-la-moule », un objet éternellement sexuel, et surtout, insiste Katia Benbelkacem, une caricature de la féminité. »

> Du rose au noir

Ainsi, sur scène, six danseuses vont jouer avec les stéréotypes et les clichés véhiculés par la célèbre poupée. Un seul homme, Ken – le jeune Georges Maikel Pires Monteiro, formé au Conservatoire de Luxembourg – sera là avec elles. Pendant la première partie de la pièce, les gestes sont doux, théâtraux et le tout propose une ambiance volontairement niaise. Mais dans la deuxième partie, les choses vont changer. Les Barbie, grâce à leur cheftaine lesbienne, vont se rebeller et se libérer de la domination masculine. Tout à coup « le rouge à lèvres va couler, le sourire s’effacer, le masque tomber », nous explique-t-on. « D’un univers très rose, on passe à un univers très noir », explique la chorégraphe. L’ambiance, la musique, la lumière changent du tout au tout, les mouvements de danse deviennent bruts, explosifs.

Barbie a pris conscience de sa situation, ne compte plus se laisser faire et compte bien s’assumer en tant que femme à part entière. Après tout, « on ne naît pas femme, on le devient », disait Simone de Beauvoir.

En jouant avec les stéréotypes, en amplifiant les clichés, Katia Benbelkacem offre finalement une pièce sexy, drôle, voire loufoque, tout en proposant un sens profond et on ne peut plus sérieux. Une pièce d’un féministe assumé mais qui réclame davantage une plus grande égalité entre les sexes qu’une guerre des sexes. C’est décalé et piquant. Mais aussi intelligent et pertinent.

Le spectacle, qui tourne depuis deux ans désormais en France, Espagne et Italie, a déjà été présenté à la Banannefabrik de Luxembourg dans le cadre du « 3 du Trois » de mars 2014. Il revient, avec quelques rares modifications, à l’abbaye de Neumünster dans le cadre de cette journée internationale de la Femme. « Je suis ravie de prendre ainsi une nouvelle fois part à la vie culturelle luxembourgeoise, souligne Katia Benbelkacem, et je suis super-fière de faire partie de la programmation de cette journée-là, car c’est tout un symbole de jouer cette pièce un 8 mars. »

De notre journaliste Pablo Chimienti


Neimënster – Luxembourg

Dimanche à 18h