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Le Hellfest a sa collection de BD!


Les éditions Rouquemoute s’associent à leur voisin, le Hellfest, pour lancer une nouvelle collection axée autour du fameux festival de musiques extrêmes. Un premier album aussi déjanté qu’un «circle pit» ouvre les réjouissances.

Qui l’aurait cru, mais cette année, le plus grand festival de France (et l’un des plus gros en Europe) est consacré… au metal! Soit le Hellfest qui, depuis maintenant quinze ans, raconte ce que tout le monde refuse de voir : oui, la vitalité des musiques extrêmes et l’intérêt pour elles sont bien réels, loin des cases étroites dans lesquelles on essaye de les ranger. À travers une double édition «exceptionnelle» (après deux années blanches), la démonstration donne le tournis : près de 350 groupes programmés (dont Metallica, Guns N’ Roses, Nine Inch Nails, Scorpions…), 420 000 spectateurs attendus, un chiffre d’affaires de 50 millions d’euros, sans oublier ce nouveau parking de 37 hectares, supérieur à celui de Disneyland!

Entre deux week-ends à guichets fermés, des pogos à gogo et de sérieux coups de chaud se glisse aujourd’hui un livre qui célèbre justement cet engouement : Metal Vortex, premier d’une série autour du rendez-vous de Clisson (Loire-Atlantique). Une idée née lors de la pandémie, cruelle tant pour le monde de l’édition que pour celui de l’industrie musicale. Fragilisées par la crise sanitaire, les éditions Rouquemoute, petite maison indépendante installée à Nantes, se sont tournées fin 2020 vers leur robuste voisin, alors à l’arrêt, pour imaginer une fructueuse collaboration autour d’une nouvelle collection : ce sera Hellmoute, qui prévoit de sortir un nouveau livre par an.

Attention, un tel exercice n’a rien d’une évidence et doit respecter une équation d’un délicat équilibre : viser le grand public tout en respectant les inconditionnels du genre, assez pointilleux quand il s’agit de défendre le metal et ses dérivées. D’ailleurs, les BD de qualité sur le sujet ne sont pas légion – notons tout de même celle d’Hervé Bourhis, ultrapédagogique (Le Heavy Metal, 2016) et le triptyque sur le Hellfest vu de l’intérieur (Welcome to Hell(fest), 2015-18).

Afin d’éviter tout impair ou, pire, de tomber dans des clichés déplacés, l’affaire s’appuie ici sur un double partenariat : d’abord avec le festival lui-même et notamment son fondateur, Ben Barbaud, qui affirme : «Cet album fait honneur à la culture metal!» Ensuite avec le magazine Rock Hard et son rédacteur en chef, Philippe Lageat, qui abonde : «Ça se déguste comme un titre de Napalm Death ou un bon muscadet.» Dans la préface, il détaille également les ambitions de ce projet «casse-gueule» : à la fois faire rire et donner envie au lecteur d’aller au Hellfest. Ce qui implique de ne pas faire n’importe quoi, comme le précise Fabrice Hodecent, l’un des trois auteurs à la baguette : «Il s’agit d’être rigoureux, d’éviter la caricature et de respecter la variété des styles» pour tisser «une fausse histoire du metal avec de vrais éléments», explique-t-il.

Lui qui, en tant que journaliste, s’est déjà rendu au Hellfest à trois reprises, est entouré ici de deux autres amateurs de rock plus ou moins énervé : Jorge Bernstein et Pixel Vengeur, respectivement scénariste et dessinateur (à Fluide Glacial et Spirou). Plutôt que de faire une BD classique sur le Hellfest, ils s’en inspirent et l’utilisent comme toile de fond à une fiction déjantée. Si le festival est au cœur de l’intrigue, celle-ci est animée par un autre trio, de bras cassés celui-ci : Nounours (alias Loud), Mike et Barbara. Ils voulaient bien faire en essayant de ressusciter Lemmy Kilmister, digne représentant de l’esprit rock et icône de Motörhead disparu en 2015 et dont la statue trône au Hellfest. Seulement, descendant de son socle après une messe noire, il part dans les vignes et emporte avec lui l’âme du metal. Du jour au lendemain, cette musique n’existe plus et le festival est réhabilité en golf géant. Le drame!

Entre anecdotes légères et clins d’œil plus pointus au metal, entrecoupés par le narrateur Hellbanger (mascotte du Hellfest), la fine équipe, autoproclamée Horde des Enfers, va alors chercher à réanimer les anciens gloires, perdues dans d’autres activités : on retrouve ainsi James Hetfield (Metallica) en garagiste, Rob Zombie en réalisateur de films d’entreprise, Alice Cooper en esthéticien ou encore Till Lindemann (Rammstein) en maître-nageur! Le festival va-t-il retrouver sa plaine de jeu? Après ce récit aussi déjanté qu’un «circle pit», «très dynamique et avec des breaks, comme un morceau de metal», dixit Jorge Bernstein, la réponse tient lieu d’évidence : le Hellfest est paré pour durer et, comme un bon muscadet, semble se bonifier avec le temps. Gageons que la collection Hellmoute fera pareil.

Hellfest – Metal Vortex,
de Jorge Bernstein, Fabrice
Hodecent et Pixel Vengeur.
Éditions Rouquemoute.

Cet album fait honneur à la culture metal!

L’histoire

Une étrange malédiction a frappé les terres tonitruantes de Clisson. Le Hellfest, lieu de pèlerinage des métalleux, s’est transformé en terrain de minigolf géant. Pour Mike, Barbara et Loud, le metal doit revenir abreuver les vignes de muscadet. D’autant plus que ces dernières ne sont pas pour rien dans la disparition d’une icône du festival…