Accueil | Culture | Le fonctionnaire exige du travail au chef de l’État

Le fonctionnaire exige du travail au chef de l’État


Le Président chypriote a dû être surpris par ce courrier. (Photo AFP)

Un fonctionnaire chypriote a créé l’émoi dans l’île soumise à un plan d’austérité en écrivant une lettre au président de la République pour se plaindre d’être payé à ne rien faire depuis un an.

Marios Droushiotis a affirmé n’avoir effectué aucun travail depuis qu’il a été désigné en février 2015 à un poste au ministère du l’Energie, du Commerce et du Tourisme, où il est censé être le point de contact des investisseurs étrangers pour des projets dans ces secteurs.

Dans sa lettre adressée au président Nicos Anastasiades et publiée cette semaine sur le site du quotidien Phileleftheros, le haut fonctionnaire assure n’avoir traité aucun dossier et que ses supérieurs ne lui ont confié aucune tâche depuis sa prise de fonctions.

« Je trouve inacceptable qu’un fonctionnaire payé à l’échelon de salaire A13+2 soit réduit à l’inactivité », écrit Marios Droushiotis. A cet échelon, les fonctionnaires chypriotes gagnent environ 5 000 euros par mois alors que le salaire mensuel moyen dans ce pays membre de l’Union européenne (UE) et de la zone euro est de 1 500 euros.

« L’État aurait fait des économies si on m’avait demandé de rester à la maison, il n’aurait pas eu à payer le chauffage ni l’électricité dans mon bureau », ironise-t-il.

« Une calomnie de la fonction publique »

Marios Droushiotis a refusé de commenter sa démarche, qui a déclenché une certaine effervescence dans l’île méditerranéenne soumise depuis une grave crise financière en 2013 à un plan d’austérité et où la population voit généralement les fonctionnaires comme des privilégiés.

Le ministère du l’Énergie, du Commerce et du Tourisme a dénoncé dans un communiqué l’initiative de son employé comme « une calomnie de la fonction publique ». Selon le ministère, ce nouveau poste était destiné à attirer des investisseurs étrangers et éliminer des obstacles administratifs auxquels ils pouvaient être confrontés.

Après l’effondrement de son secteur bancaire en mars 2013, Chypre avait dû négocier âprement un prêt de 10 milliards d’euros auprès du Fonds monétaire international (FMI), de l’UE et de la Banque centrale européenne en échange de mesures d’austérité draconiennes.

Le pays a toutefois fini l’année 2015 sur un quatrième trimestre consécutif de croissance, enregistrant l’an dernier sa plus forte croissance en sept ans. Les autorités chypriotes ont assuré que Chypre sortirait cette année du plan international de sauvetage.