Le grand Mufti d’Arabie saoudite, cheikh Abdel Aziz al-Cheikh, a jeté l’anathème sur le film «Mahomet» sorti la semaine dernière en Iran, estimant qu’il était «hostile à l’islam».
«C’est un film païen et une oeuvre hostile à l’islam», a lancé le mufti dans une déclaration publiée mercredi par le quotidien Al-Hayat, ajoutant que sa projection était «illicite selon la charia». «C’est une distorsion de l’islam», a encore dit le plus haut dignitaire religieux de l’Arabie saoudite, chef de file de l’islam sunnite, en rivalité avec l’Iran chiite.
De son côté, la Ligue du monde islamique, basée à La Mecque (ouest), a fustigé mercredi le film iranien, soulignant «l’interdiction de représenter le prophète Mahomet».
Dans un communiqué, son secrétaire général Abdallah al-Turki a invité les responsables iraniens à «suspendre et à interdire la projection du film, une violation de nos obligations à l’égard du prophète», et a exhorté les musulmans à le «boycotter».
Sorti fin août en Iran, «Mahomet», long métrage réalisé par le cinéaste iranien Majid Majidi, raconte la vie d’enfant du prophète de sa naissance à l’âge de 13 ans.
L’ambition du réalisateur est de casser «l’image violente» de l’islam projetée à travers le monde par les groupes armés jihadistes. Il espérait aussi que son film puisse «unir» et non diviser les musulmans sunnites et chiites qui se déchirent pourtant de l’Irak au Yémen en passant par la Syrie.
Mais au début de l’année, le grand imam de l’université Al-Azhar du Caire, Ahmed al-Tayeb, une des plus hautes autorités de l’islam sunnite, avait déjà rappelé son opposition à toute représentation du prophète, affirmant que cela équivalait «à rabaisser son statut spirituel».
Dans le film de Majid Majidi, le visage de Mahomet enfant n’apparaît jamais, seulement sa silhouette et, par des effets spéciaux, sa vision du monde qui l’entoure.
AFP/M.R